Le leader ultra-nationaliste serbe Vojislav Šešelj , est toujours en instance de jugement devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, depuis février 2002. Il doit être jugé pour meurtres, tortures et autres crimes présumés commis en Bosnie, en Croatie et en Serbie entre 1991 et 1993.
Malgré la gravité de charges qui pèsent contre lui, Vojislav Šešelj n’a été condamné pour l’heure que pour outrage à la Cour, à trois reprises. La semaine dernière, le TPIY a ordonné sa remise en liberté provisoire pour raisons de santé.
Âgé de 60 ans, Vojislav Šešelj souffre d’un cancer. Affaibli, il n’a pourtant rien perdu de sa fermeté. De retour en Serbie, il a déjà promis de renverser du pouvoir ses anciens alliés, aujourd’hui président et Premier ministre du pays.
Vojislav Šešelj avait quitté Belgrade pour les Pays-bas en février 2003, sous les applaudissements nourris d’une foule entièrement acquise à sa cause. L’ex-vice Premier ministre et ancien chef de milice se rendait volontairement au TPIY, estimant qu’il serait le dernier Serbe à y comparaître. Les différents chefs d’inculpation retenus contre lui n’avaient en rien entaché sa popularité.
Deux jours avant son départ, il livrait un discours provocateur, galvanisé par sa fraîche et triomphale réélection à la tête du Parti Radical Serbe. Il avait fondé ce parti en 1991 et en est toujours le chef.
“Je suis fier d’aller défendre les intérêts de plus de 10 000 volontaires du parti qui ont combattu pour une cause honorable sur le front”, disait alors Vojislav Šešelj .
Les volontaires en question, ce sont les “Seseljevci”, littéralement les hommes de Šešelj , groupe paramilitaire dont la mission était de défendre la cause nationaliste Serbe en Bosnie et en Croatie après le déclenchement de la guerre.
Persécutions, déportations, meurtres, tortures, tous les moyens étaient bons pour atteindre l’objectif ultime, à savoir la purification ethnique qui devait éradiquer la présence des Bosniaques et des Croates dans ce que Šešelj et ses amis nationalistes voulaient voir devenir “La Grande Serbie”.
“Nous allons réunir la république de Serbie, la république du Montenegro, la Republika Srpska et de Krajiana. Nous allons créer une grande Serbie”, scandait Vojislav Šešelj .
Orateur charismatique et populiste, manipulateur, virulent, Šešelj est aussi connu pour ses excès verbaux et physiques. Un homme que l’ancien président serbe Slobodan Milosevic qualifiait tantôt “d’opposant préféré”, tantôt de “primitif violent”.