. Les Noirs doivent aussi prendre conscience que le lien qui les unit entre eux, les unit aussi à leurs frères africains. L'origine de l'histoire afro-américaine se trouve sur le continent africain et le peuple noir doit connaître ses racines et son héritage culturel. Cette première étape qui est d'acquérir une nouvelle conscience autant dans la dimension historique qu'identitaire va s'effectuer, entre autres nous le verrons plus tard, dans le Free Jazz, musique typiquement noire, avec des retours aux éléments de la musique a
Le Jazz, moyen d'expression privilégié des Noirs américains
Pour commencer, « historiquement, le jazz est apparu, au lendemain de la première guerre mondiale, comme le mode d'expression privilégié du groupe négro-américain : c'est l'expressivité de ce groupe et ses tendances profondes qu'il traduit ; et se sont les structures musicales crées ou empruntées par lui qu'il utilise. »(Encyclopaedia Universalis). « Le jazz est un peu le drapeau de la population noire, un de ses moyens d'expression privilégié, une manifestation de son intelligence, de son génie, reconnue dans le monde, une garantie de sa dignité, de son devenir social, un des lieux enfin où les Noirs sont chez eux. »(Sportis, 1990).
Celui-ci intervient dans la vie quotidienne des Noirs américains
Ainsi, le jazz, création typiquement noire américaine, va être utilisé pour redonner une identité aux Noirs américains et leur rappeler leur histoire, leur combat, leur souffrance.
Le jazz a toujours été très proche de l'histoire des Noirs et les instruments y sont moins étudiés en fonction de leurs données spécifiques que de leurs possibilités expressives. C'est pourquoi il n'est pas étonnant que le jazz soit un terrain propice pour exprimer les révoltes et les inégalités.
De plus, la situation du jazz dans les années soixante est la même que celle des Noirs américains, c'est à dire, pour reprendre le terme de Carmichael, que le jazz est une musique inventée et jouée par les Noirs mais culturellement et économiquement «colonisée» par les Blancs. Tout au long de son histoire le jazz a été imité par les Blancs ce qui donnait lieu à des caricatures commerciales en opposition au vrai jazz noir dit « hot ». Car ce qui n'est pas accessible au Blanc, c'est l'appartenance à une double culture (américaine et africaine). Le Blanc n'a pas vécu la déportation, il n'a pas été contraint d'ingérer une masse d'éléments exogènes comme la religion, le système social, le langage, l'écriture, la morale, la culture, l'idéologie… Le jazz est une musique de tension, de divisions et de blessures non refermées.
les Blancs exploitent les créations culturelles spécifiques du peuple noir américain et voient ainsi l'influence blanche partout et « ne peuvent donc pas accepter que les Noirs puissent être les seuls innovateurs du jazz ». D'autant plus que ce sont les Blancs qui détiennent la majeure partie des institutions économiques du monde du jazz.