Sayat-Nova
(1722 – 1795 )
« Ce poète de l'amour, l'égal de Pétrarque,
nous aura été enfin rendu par la traduction intégrale
de ses Odes arméniennes… ».
Ode 34
Autant je vivrai, je t'offre ma vie
(2 mai 1757)
Traduction :
Serge Venturini et Élisabeth Mouradian.
Avec leur aimable autorisation.
Autant je vivrai, je t'offre ma vie et que puis-je faire ?
Que je verse des larmes ou que je soupire, tes peines je les garde
Tu dis : « Je suis une biche ». Laisse-moi t'admirer, un regard ma mie
Viens donc au jardin que je chante louanges, ma mie je t'en prie !
Coiffure en bouquet, lèvres délicieuses - l'heure de la merveille,
Allons dans les champs jusqu'à la rivière - l'heure de la gazelle,
Rossignol et Rose, Rose et clos en fleurs - l'heure de la balade,
Viens donc au jardin que je chante louanges, ma mie je t'en prie !
Rentrons en causant, l'arbuste a perlé de rosée de nuit.
Chantons en cadence, tulipes colorées la Rose est ouverte.
De jacinthes des bois, rossignols errants le jardin est plein.
Viens donc au jardin que je chante louanges, ma mie je t'en prie !
L'image de Leïla noblement créée parfaite harmonie.
Tes cheveux, ma mie, restèrent sur la lisse je m'évanouis.
Et sur le rosier le rossignol dort comme le jardin est beau.
Viens donc au jardin que je chante louanges, ma mie je t'en prie !
Habillée de soie, d'or et bigarrée fine branche de cyprès,
Tu tiens un calice, remplis-le de vin, j'adore ce pichet,
Si tu viens au clos, tu tourmenteras ton Sayat-Nova.
Viens donc au jardin que je chante louanges, ma mie je t'en prie !
Sayat-Nova, Odes arméniennes, Édition bilingue français-arménien,
traduction et notes : Serge Venturini et Élisabeth Mouradian, L'Harmattan, 2006.
http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/sayatnova.html
Illustration : Sayat-Nova
de Vruir Galstian (1924 – 1996), peintre arménien.
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:VruirSayat.jpg?uselang=fr
Sous licence CC BY-SA 3.0