Victor Hugo - 1er Janvier 1835 - Minuit et demi

2013-02-15 78

Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine ;

Puisque j'ai dans tes mains posé mon front pâli ;

Puisque j'ai respiré parfois la douce haleine

De ton âme, parfum dans l'ombre enseveli ;

*

- Je puis maintenant dire aux rapides années ;

Passe ! passez toujours ! je n'ai plus à vieillir !

Allez vous en avec vos fleurs toute fanées,

J'ai dans l'âme une fleur que nul ne peut cueillir !

*

- Votre aile en le heurtant ne fera rien répandre

Du vase où je m'abreuve et que j'ai bien rempli.

Mon âme a plus de feu que vous n'avez de cendre !

Mon cœur a plus d'amour que vous n'avez d'oubli !

Le Chant du Crépuscule XXV.