MOTION RELATIVE À LA SITUATION DE L’USINE RIO TINTO ALCAN
L’histoire économique, politique, sociale, culturelle de la vallée de la Maurienne croise, sans arrêt, et depuis plus d’un siècle, celle de l’usine Péchiney (aujourd’hui Rio Tinto).
Malgré un récent plan de reconversion, cette usine reste, avec celle de Dunkerque, totalement stratégique pour la France ainsi que certaines de ses industries les plus performantes : aéronautique, automobile, espace, etc…
Aujourd’hui, l’avenir de cette unité ne semble plus assuré, compte tenu des futurs coûts de l’énergie, tant il est vrai que l’électricité, quelle que soit son origine, est la « matière première » essentielle pour la fabrication de l’aluminium par le biais de l’électrolyse.
En effet, la convention, signée entre EDF et Péchiney en 1983, et dont est bénéficiaire l’unité de Saint-Jean-de-Maurienne, arrive à son terme en 2013, tout comme arrivera à son terme celle de Dunkerque en 2017, mettant fin, du coup, à un tarif préférentiel qui rendait ces deux unités compétitives, dans un contexte mondial complexe, sensible à la fois à la variation des monnaies et à la cotation spéculative sur la Bourse des Métaux de Londres (LME).
Les élus de la vallée de la Maurienne, et notamment ceux de Saint-Jean-de-Maurienne, sont particulièrement sensibles à cette situation. Ils sont aussi inquiets, dans un contexte économique de crise, de l’avenir de cette usine et de celui de ses personnels (plus de six cents avec le LRF). Ils sont aussi inquiets parce que, suivant au fil des semaines, les négociations qui se poursuivent entre le groupe Rio Tinto et EDF, ils ne perçoivent pas dans ces négociations qui prennent l’allure d’un bras de fer, de perspectives positives. Ils sont aussi persuadés que sans résultats rapides et positifs, c’est le site qui est condamné à l’horizon 2014.
La situation est à ce jour d'autant plus grave que la Direction de Rio Tinto Alcan vient d'annoncer la suppression d'un tiers des emplois soit 39 postes sur 115 au Laboratoire de Recherche en Fabrication (LRF) ce qui, compte tenu des fonctions déjà supprimées ou en voie de suppression au sein du LRF, condamnerait l'existence même de la recherche à Saint-Jean-de-Maurienne.
La fermeture du site à Saint-Jean-de-Maurienne, si aucune offre de reprise ne se concrétisait, constituerait un sinistre sans équivalent pour l'emploi et de manière beaucoup plus globale pour l'activité économique de toute la vallée de la Maurienne.
Dans ce contexte, il convient de replacer le devenir de l'usine de Saint-Jean-de-Maurienne dans celui de la filière aluminium en France, de la production du fil d'aluminium et de la recherche.
Aussi les élus de la Ville de Saint-Jean-de-Maurienne : SOUHAITENT que la Direction de RTA revoie sa position quant à la restructuration de l'activité des fonctions supports et technologiques (recherche) alors même qu'elle s'est engagée à maintenir un potentiel de recherche en France, APPELLENT l'attention particulière du Gouvernement sur l'urgence des évolutions possibles, tous les moyens devant être envisagés y compris la nationalisation ou nationalisation temporaire dans l'attente de la mise en place d'une filière aluminium en France, DEMANDENT qu'aboutissent les négociations en cours relatives à l'énergie, SOUHAITENT être tenus informés et associés quant au processus relatif à la reprise du site,
RAPPELLENT qu’en tout état de cause, le groupe RTA a une responsabilité et une dette vis à vis de la vallée en matière environnementale, sociale et d'aménagement du territoire que la Ville de Saint-Jean-de-Maurienne entend bien faire valoir intégralement.