Elles ont vaincu les dunes
La fameuse étape des dunes attendait ce mercredi les 182 équipages du Trophée Rose des Sables. Un immense défi relevé par les participantes, dont l'émotion à l'arrivée était à la hauteur de l'exploit accompli.
Ce matin sur la ligne de départ, les sourires habituellement de mise avaient disparu. Lors du briefing, Jean-Jacques Rey n'avait d'ailleurs pas caché l'ampleur de la tâche aux participantes. « C'est l'étape de dunes la plus longue depuis la création du Trophée », a ainsi lancé le directeur de course tout en rappelant les consignes de sécurité. Au programme, 24 kilomètres de sable, de descentes parfois abruptes, et mille pièges propices au tankage, le tout au cœur des décors magiques de l'erg de Merzouga. Une porte de sortie avant l'arrivée a même été mise en place pour permettre aux équipages les plus en difficulté de quitter le parcours.
La fatigue, la tension, l'année passée à préparer l'aventure se mêlent à l'inquiétude au moment de s'élancer. Même si aucune n'envisage un seul instant de renoncer. « Quitter les dunes ? Evidemment non, lance Sonia, équipage 199. Même son de cloche pour les Belges Nadine et Françoise (équipage 172) : « On va aller au bout : On n'est pas là pour pique-niquer sur le sable... » « On ressent une grosse pression, avoue Pilar, équipage 202. J'essaie d'être zen, mais c'est dur... » Ultime barrage avant l'étape, le premier check-point. L'occasion de vérifier une dernière fois la pression des pneus, primordiale avant d'attaquer le sable. François, commissaire de course, encourage les participantes et lance les dernières instructions avant le grand saut. « Concentration absolue, placement des mains sur le volant, on vérifie que tout est bon, rappelle François avant de donner le grand départ : Gaz, gaz, gaz ! »
Les dunes se referment sur les équipages. Et la magie opère. A perte de vue, des montagnes de sable se perdent sur l'horizon. Dans un creux, une caravane de dromadaire avance lentement. Sur les arêtes se détache parfois un berbère juché sur une vieille mobylette filant bon train vers une destination inconnue. Dans les 4×4, c'est les montagnes russes. Montées, descentes et virages se succèdent à un rythme effréné toujours sur du sable pour des sensations de glisse parfois extraordinaires. « A certains moments, on a l'impression de surfer », sourit Sylvie, équipage 301. Sauf qu'au lieu d'une petite planche, les Roses ont sous leurs pieds un monstre de plus de deux tonnes. Bien sûr, les tankages s'enchainent. Mais avec la force de l'expérience et de l'entraide, les équipages se sortent de situations parfois bien mal engagées. Et si certaines ont décidé de privilégié la compétition, d'autres n'ont pas hésité à couper le moteur au risque de s'ensabler, pour aider un équipage pris au piège.
Sous l'arche d'arrivée, les mots se perdent entre les cris et les larmes pour des Roses dont la fierté et l'émotion sont contagieuses. « Il y avait beaucoup de tension et de concentration au départ, raconte Sylvie (301). Et des pleurs à l'arrivée... Regardez, j'en ai des frissons. On n'oubliera jamais. » « On ne savait pas qu'on était capable de faire ça », lancent Aurélia et Bérangère, équipage 139. « Elles sont où les cacahuètes et le Champagne ?, interroge Barbara (312). C'est fabuleux, on est super fières... » Michèle et Marina (141), sont allées chercher cette victoire au fond d'elles-mêmes. « Il y a deux ans, on avait passé 13 heures dans ces dunes, confie Marina. On est revenu, on a conjuré le sort. Nos enfants vont être très fiers de nous. » A l'arrière du convoi, les équipages usent de la pelle et de la grille de désensablage. Mais finiront par s'en sortir, toujours avec toujours la même émotion. Au point de provoquer cette réflexion de Jean-Jacques Rey sur la ligne d'arrivée : « Je ne peux pas rester là, elles vont me faire chialer... » Jeudi, c'est le départ de l'étape marathon, ultime défi de l'aventure. Les équipages s'élanceront pour 48h d'autonomie, encadrés par l'organisation. Une nuit à ciel ouvert qui s'annonce riche d'émotions.