Interviews / Jeanette Zwingenberger et Thomas Olbricht, exposition "Tous cannibales"

2012-10-08 27

Du 12 février au 15 mai 2011, la maison rouge organise une exposition consacrée à la question de l’anthropophagie et à ses représentations dans les arts plastiques aujourd’hui.
Pour cette manifestation, la commissaire a choisi de présenter un corpus d’œuvres réalisées majoritairement par une jeune génération d’artistes travaillant indépendamment les uns des autres sur le concept de l’incorporation.
Notion encore peu considérée par les critiques et théoriciens de l’art, elle apparaît pourtant en arrière-plan des recherches de la création actuelle, comme le confirme la présence de certaines figures incontournables de la scène artistique contemporaine dans l’exposition.
Ecartant les représentants d’une scène que l’on pourrait qualifier de « gore », Jeanette Zwingenberger a préféré des artistes – dont près de la moitié sont des femmes – qui abordent l’anthropophagie avec un regard critique, articulant et développant les problématiques qui traversent cette notion.
À l’ère du clonage, des transplantations et des mondes virtuels, et d’une intégrité du corps remise en question, les artistes de l’exposition témoignent d’un nouveau regard porté sur le corps. Leur travail procède à son éclatement et à son morcellement, le métamorphosant et le recomposant en un corps hybride, tout à la fois comestible et anthropophage.
N’y aurait-il pas absorption, voire dévoration, dans la relation à autrui, ce semblable avec qui je partage et construis mon moi ? Comme le souligne Claude Lévi-Strauss, dans une citation mise en exergue par la commissaire de l’exposition : « Nous sommes tous des cannibales. Après tout, le moyen le plus simple d'identifier autrui à soi-même, c'est encore de le manger » (La Repubblica, 1993).
L’exposition invite ses visiteurs à lever le voile sur un sujet troublant, refoulé voire tabou, aux confins de l’ethnologie, de l’histoire, de la psychanalyse, de la médecine et de la religion.

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