Il y a quelques mois, la Cinémathèque a proposé au cinéaste Marcel Hanoun de réaliser à l'occasion de la rétrospective de son œuvre, un nouveau film, celui de son choix : un film « libre », ce qui veut dire libre au cinéaste de faire voir et entendre ce qu'il veut, qui il veut et, idéalement, de le faire voir et entendre à tous ou à chacun.
Un film « léger » aussi, qui ait en somme le poids (numérique) de sa petite caméra de poing.
Un film en 2010 en guise d'annonce de tous ceux qui, depuis 1955, ont précédé celui-ci sans discontinuer, et aujourd'hui projetés en salles Henri Langlois et Georges Franju pendant un mois (et aussi, en imaginaire, en salle Jean Epstein, cet autre grand cinéaste-théoricien).
Des films, plus de soixante-dix, souvent considérés par la profession ou un public au regard formaté par l'industrie comme « hors » du cinéma, mais des films pourtant sans autre sujet que le cinéma : « le film n'a pas de sujet, il est le sujet du film ».
Un film donc, celui-là, intitulé L'Âge de bronze, réalisé maintenant et diffusé sur le site de la Cinémathèque française pendant toute la rétrospective, comme pour commencer par la fin, et commenter et résoudre en même temps la question souvent sans réponse de la distribution des films de Marcel Hanoun (et de quelques autres cinéastes).
Des films pourtant qui, plus que d'autres, ont besoin du regard des spectateurs pour être considérés par leur auteur comme vraiment terminés. Alors, L'Âge de bronze ou le temps de l'offre et du partage, un temps pour la pensée et un temps pour la joie. Joie aussi de voir et revoir une œuvre, certes hantée par son arrêt mais aérienne en même temps, lente et rapide, engagée et solitaire, érotique et ascétique. Bref, une œuvre en mouvement, sans cesse.
Bernard Benoliel
Texte écrit en mai 2010 à l'occasion de la rétrospective Marcel Hanoun à la Cinémathèque française