Manuel VALLS: les caricatures de Mahomet? C'est de la Démocratie.

2012-09-21 234

Question posée par différents journaux après la publication ce mercredi par l'hebdomadaire Charlie Hebdo de nouvelles caricatures. En Une, on voit un musulman en chaise roulante poussé par un juif orthodoxe, avec en titre : « Intouchables 2 : faut pas se moquer ». Et puis en dernière page de l'hebdomadaire satirique : deux caricatures du prophète nu...

Dès hier, Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, et Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, ont tous deux désapprouvé les caricatures de Charlie Hebdo. Le débat est donc lancé : faut-il en rajouter après l'affaire du film anti-islam qui a provoqué colère et indignation de certains musulmans, entraînant la mort de plusieurs personnes ?

La Nouvelle République du Centre-Ouest s'interroge : « au nom de la liberté d'expression et sur le thème « on peut tout dire en dessin », les nouvelles caricatures de Charlie Hebdo peuvent-elles mettre le feu aux poudres ? En novembre 2011, faut-il le rappeler, le journal satirique avait été victime d'un attentat après la publication d'un numéro spécial intitulé Charia Hebdo. D'où les craintes aigües de Matignon, du Quai d'Orsay et des autorités musulmanes ».

Pour Le Figaro, il est clair qu'il ne faut pas jeter de l'huile sur le feu... « Ne tombons pas dans le piège des islamistes en répondant à leurs intimidations par de sottes provocations, s'exclame le journal. Publier des caricatures de Mahomet est aussi facile qu'irresponsable. Nous avons, en revanche, tempère Le Figaro, le devoir de réagir avec fermeté pour ne pas nous laisser déborder. Par tous les moyens, les pouvoirs publics doivent interdire les prochaines manifestations que les salafistes veulent organiser, et condamner leurs instigateurs. La France ne peut se laisser marcher sur les pieds ».

Le blasphème n'est pas un délit...

La Dépêche du Midi, elle, prend la défense de l'hebdomadaire : « pour la bande de Charlie, défendre la liberté d'expression, en tous lieux - quelle que soit l'époque et quels qu'en soient les dangers -, ne saurait être assimilé à une provocation. Il s'agit au contraire d'un sursaut citoyen, d'une sorte de devoir moral face à l'extrémisme religieux. D'autant plus que, dans notre démocratie laïque, rappelle La Dépêche, sacrilèges et blasphèmes ne sont nullement considérés comme des crimes, pas même des délits - ce qui est différent bien sûr de l'incitation à la haine raciale. Durant toute son histoire mouvementée, « Charlie », dans sa tradition libertaire, ne s'est jamais privé d'utiliser - jusqu'au mauvais goût assumé et revendiqué - cette liberté à laquelle les Français, croyants ou non, restent profondément attachés. Les dessins anticléricaux constituent même une ligne de conduite qui n'épargne personne, relève encore La Dépêche. L'imam, le rabbin - et que dire du pape ! -, tous ont eu les honneurs de la couverture ».