François Fillon n'aura pas besoin de s'inscrire sur le site Copains d'avant. Nous avons retrouvé la trace d'un de ses anciens camarades du Mans, dans la Sarthe. Il est sans domicile fixe, a 57 ans et s'appelle Christian. Dans ce Quartier Latin qu'il écume depuis 40 ans, tout le monde le surnomme le «Premier ministre». «On raconte qu'il était au lycée avec François Fillon, explique Matthieu, un jeune restaurateur. Ce personnage est un paradoxe. C'est une grande détresse de le voir traîner dans le coin. Et en même temps, il nous bluffe. Il manie la langue française comme personne».
En fait, François Fillon a deux ans de moins de Christian et les deux hommes n'ont jamais fait leurs études ensemble. Mais Christian raconte que le père de François Fillon, Michel, était le notaire de ses grands-parents. Et qu'il arrivait souvent aux deux adolescents de se croiser au café Scarron, le rendez-vous de la jeunesse branchée du Mans. « Il était beau garçon, discret, replié sur lui-même, se souvient Christian, amoureux des belles lettres et des formules ampoulées. Je me souviens lui avoir offert un kir un jour ». Christian et François sont nés dans la même ville, ont décroché un bac philo, entamé des études dans la Sarthe avant de «monter» à la capitale. Leur destin commun s'arrête là. «Je me suis inscrit à la Sorbonne en philosophie, rapporte Christian, assis sur un banc du square Viviani au pied de la cathédrale Notre-Dame. Et puis j'ai débranché. Influencé par mai 68, je voulais suivre mon propre chemin».