Le pignon fixe les rend tous fous. Moins de 10 kg, pour 1000 euros. Soit le prix d'un scooter. Depuis quelques mois, ses vélos sans frein, ni dérailleur, câble ou manettes, glissent à la vitesse de la lumière dans les rues de Paris. Venue des coursiers new yorkais, accrocs à leur légéreté, la mode des "fixies", s'attaque à tous les styles. Si les skaters sont les premiers à avoir adopté le pignon fixe pour se différencier, aujourd'hui on compte parmi les adeptes nombre d'avocats ou de chefs d'entreprise qui l'utilisent pour se déplacer.
"Beaucoup viennent au "fixe", parce qu'avec son design minimal , le vélo est incroyablement beau. Ensuite, c'est une affaire de sensations" explique Edouard, qui s'est fait confectionner un vélo, couleur blanche avec une pointe d'anis. Chez "Cyclope", le seul distributeur de pignon fixe à Paris, les clients commandent des vélos sur mesure. Le must ? Réutiliser de vieux cadres de pistes français " vintage" et les customiser avec des accessoires derniers cris de la gamme 2008. Avant de faire repeindre le bolide chez un émailleur pour parfaire la couleur.
Dans la rue, les adeptes traquent les "fixies" pour les admirer ou se saluer au feu rouge. Mais peu à peu, la popularisation du vélo sort le mouvement de son côté "chapelle". Les amoureux du vélo se retrouvent ainsi sur l'aspect glisse en ville. "Sans frein et sans vitesse, on fait corps avec le vélo" tente de décrire Pat, sur son "fix" bleu nuit. "Pour freiner, comme il n' y pas de roue libre, il faut bloquer les pédales avec la puissance des jambes" ajoute-t-il. Le freinage s'étale alors sur plusieurs mètres et demande un véritable effort dans les cuisses. A l'heure où la polémique enfle sur la conduite folle des vélos à Paris, l'entrée du fixie sur le marché risque d'alimenter les critiques et de cristalliser le débat. Un peu comme au début du snowboard, il y a une dizaine d'années, où l'on parlait de surfeurs "sauvageons", avant que toutes les écoles de ski ne proposent aujourd'hui des cours de snow.