10-12-2006
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samedi 9 décembre 2006, 8h15
L'ancien président américain Jimmy Carter maintient son accusation d'"apartheid" à l'égard d'Israël
ATLANTA (AP) - L'ancien président américain Jimmy Carter, très critique de la politique israélienne dans son dernier ouvrage, a maintenu vendredi que l'Etat hébreu se rendait coupable à ses yeux d'"apartheid" à l'égard des Palestiniens.
Avec ce livre intitulé "Palestine: Peace Not Apartheid" (Palestine: la paix pas l'apartheid), le prix Nobel 2002 espère également percer le "mur impénétrable" qui empêche, selon lui, les Américains de prendre conscience du sort des populations palestiniennes.
La publication de cet ouvrage, qui se révèle un succès de librairie aux Etats-Unis, a provoqué une levée de boucliers des groupes pro-israéliens mais aussi la démission de Kenneth Stein, responsable du Carter Center et conseiller de longue date de l'ex-président.
Avec "Palestine", l'ancien chef de la Maison Blanche suit l'évolution du processus de paix israélo-palestinien depuis sa présidence (1977-1980) et l'accord de Camp David qu'il avait négocié entre Israël et l'Egypte. S'il impute l'impasse actuelle à l'ensemble des parties, il se montre particulièrement virulent vis-à-vis d'Israël.
Jimmy Carter a expliqué vendredi qu'il souhaitait susciter un débat sur la politique d'Israël inexistant ou étouffé dans les médias d'information américains qui "presque tous restent silencieux" sur ce problème.
"Le silence est quasi universel dès lors qu'il s'agit d'une possible critique des politiques que mène actuellement le gouvernement israélien", a-t-il observé devant la presse à Atlanta (Géorgie).
Les accusations de l'ancien président démocrate ont suscité la colère des organisations juives qui ont lancé des pétitions dénonçant l'usage du mot "apartheid" pour décrire le traitement réservé aux Palestiniens par Israël.
Jimmy Carter affirme pourtant que ce terme se justifie par les barrières grillagées, les détecteurs électriques et les blocs de béton installés par Israël le long de la frontière avec la Cisjordanie.
"Je pense même que la situation est pire, dans bien des cas, que l'apartheid en Afrique du Sud", a-t-il fait valoir en allusion au régime de ségrégation raciale pratiqué dans ce pays africain jusqu'en 1990.
Pour le patron du Carter Center, qui a dirigé plusieurs missions d'observation de scrutins dans le monde, notamment dans les territoires palestiniens, une chape de plomb interdit tout débat sur Israël aux Etats-Unis. "Il y a dans ce pays une formidable intimidation qui réduit nos concitoyens au silence", a-t-il souligné, notant que ce silence est observé non seulement par "des individus ou des personnes candidates à des fonctions électives mais aussi par les médias d'information". AP
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Le samedi 09 décembre 2006
Jimmy Carter : son livre sur la Palestine déclenche une polémique
Alain Jean-Robert
Agence France-Presse Washington
L'ancien président américain et prix Nobel de la Paix Jimmy Carter est sous le feu des critiques aux États-Unis pour un livre sur la Palestine paru le mois dernier dont le titre choc: Palestine: Peace, not Apartheid (Plestine, la paix pas l'apartheid) a déclenché un quasi procès en sorcellerie.
L'un de ses anciens collaborateurs, l'ancien directeur du Centre Carter, Kenneth Stein a rompu publiquement avec M. Carter, jugeant le livre bourré d'erreurs tandis que Dennis Ross, ancien envoyé spécial de Bill Clinton au Proche-Orient, a accusé l'ancien président Carter d'avoir copié des cartes qui ne lui appartenaient pas.
Un éminent juriste, Alan Dershowitz a qualifié le titre du livre d'«indécent» et plusieurs commentaires postés sur le site d'achat de livres en ligne Amazon.com qualifient M. Carter d'«antisémite».
Le Centre Simon Wisenthal, l'un des principaux groupes mondiaux de défense des intérêts juifs, a lancé une pétition contre le père des accords de Camp David, en septembre 1978, qui forgèrent la paix entre l'Égypte et Israël.
«Jimmy Carter est devenu l'un des critiques les plus féroces d'Israël», écrit le Centre Simon Wiesenthal. Avec son livre, M. Carter est devenu «un porte-parole virtuel de la cause palestinienne», poursuit le Centre basé à Los Angeles.
La pétition, explique le Centre Simon Wisenthal, est destinée «à rappeler respectueusement à (M. Carter) que la vraie raison pour laquelle il n'y a pas la paix au Proche-Orient est à cause du terrorisme et du fanatisme perpétuel des Palestiniens».
Le Centre affirme avoir déjà reçu plus de 16 000 signatures.
M. Carter s'est défendu en expliquant que le mort «apartheid» ne faisait pas référence à un quelconque racisme de la part d'Israël envers les Palestiniens mais au «désir d'une minorité d'Israéliens de confisquer et de coloniser des sites palestiniens».
«Le livre décrit l'abominable oppression et les persécutions dans les territoires palestiniens occupés, le rigide système de laissez-passer et la ségrégation stricte entre citoyens palestiniens et colons juifs en Cisjordanie (...) De bien des manières, c'est plus oppressant que quand les Noirs vivaient en Afrique du Sud au temps de l'apartheid», a dit M. Carter.
L'ex-président a publié vendredi une tribune dans le Los Angeles Times intitulée: «Parlons franchement d'Israël et de la Palestine». Il explique que son livre est le résultat de trois missions d'observation des élections (en 1996, 2005 et 2006) dans les Territoires palestiniens. Il remarque que ces sujets controversés sont débattus intensément en Israël et dans d'autres pays mais pas aux États-Unis.
«Je souhaite provoquer un débat sur ce sujet parce que nous n'avons pas de vrai débat là-dessus aux États-Unis», a-t-il dit.
M. Carter explique «la répugnance à critiquer la politique israélienne» aux États-Unis par «les extraordinaires efforts du lobby pro-israélien et l'absence de voix dissidentes significatives». «Ce serait politiquement quasi suicidaire pour les membres du Congrès de défendre une position équilibrée entre Israël et la Palestine, de suggérer qu'Israël doit se conformer aux résolutions internationales et de parler de justice et de droits de l'homme pour les Palestiniens», estime M. Carter, notant au passage que très peu de parlementaires américains sont allés dans les Territoires palestiniens.
Avant même la publication du livre, Mme Nancy Pelosi, future présidente démocrate de la Chambre des représentants, a pris ses distances avec M. Carter affirmant qu'«il ne parlait pas au nom du parti démocrate sur Israël».
«C'est vrai», a rétorqué M. Carter dans Forward, un quotidien de la communauté juive de New York, avant de rappeler qu'il fut le démocrate qui a négocié un accord de paix entre l'Égypte et Israël. «Je n'ai pas à expliquer mes références concernant mon désir d'apporter la paix à Israël», a-t-il dit.
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