Depuis 2001, les 447 doubles pages soigneusement classées du carnet de Johannes Gutschmidt sont conservées aux archives de Fribourg. Le journal de ce commandant affecté à plusieurs camps de transit de soldats soviétiques en Pologne, Union soviétique et Biélorussie fournit nombre de détails macabres sur les horreurs de la vie des détenus. On y lit la politique systématique d'élimination des prisonniers par le froid, la faim, les épidémies et les mauvais traitements, voire le cannibalisme et le suicide. On sait que, sur les 5,5 millions d'hommes faits prisonniers par l'armée allemande, 3 millions ont ainsi été exterminés. Le journal de Gutschmidt est aussi un témoignage éloquent sur la biographie de cet officier attaché au Kaiser et à l'esprit prussien, qui ne sympathise jamais avec le nazisme et devient pourtant un bourreau, posant ainsi à nouveau la question de la responsabilité individuelle dans une machine à tuer comme celle des nazis.