Le nouvel épisode de la crise grecque ne constitue que le prélude à la contamination aux autres pays de l'Europe du Sud. L'incendie est désormais d'une telle violence qu'il faudra une action massive pour écarter la menace d'un cataclysme sur l'ensemble de la zone euro. Mais quelles que soient les solutions techniques, rien ne sera réglé sur le fond sans un grand pas en avant vers un fédéralisme européen. Or, on sait que le gouvernement d'Angela Merkel y est violemment opposé. C'est en effet l'Allemagne qui supporterait le fardeau essentiel. Cela fait vingt ans que les länder de l'Ouest paient le prix de la réunification, dix ans qu'ils paient le coût d'une politique de retour à la compétitivité. On peut douter que Berlin s'engage de gaité de cœur pour dix autres années dans une politique de rétablissement économique du Sud. Car c'est bien là que réside le véritable enjeu. On ne réglera pas la crise de l'euro en calmant les marchés et en multipliant brutalement les tours de vis budgétaires. La réduction trop rapide des déficits publics entrainera une hausse du chômage, une baisse de revenus, une chute de la demande, la fuite des capitaux et une nouvelle crise de la dette. C'est continuer dans un cercle vicieux tragique. Le vrai problème des pays de l'Europe du Sud, c'est qu'ils se sont terriblement désindustrialisés. Ils ne peuvent pas rééquilibrer leurs balances extérieures sans faire chuter leur demande intérieure. La France n'échappera d'ailleurs pas à ce casse-tête. Pour sortir par le haut de la crise de la dette, le retour à la compétitivité des pays déficitaires est une priorité. Il ne peut s'effectuer que dans le cadre d'une coopération européenne, avec une augmentation substantielle du budget de l'Union. [...]
Laurent Faibis
Président de Xerfi
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