Conférence du Jeudi 28 avril 2011
Par le père Rafic Nahra
Dans la seconde moitié du IIe siècle, un Syrien du nom de Tatien élabora une synthèse des quatre Évangiles, connue sous le nom de « diatessaron » (à travers quatre). Quoique (ou plutôt, on le verra, parce que) « purifiée » des éléments de récit divergents, elle ne fait pas partie du corpus de textes retenus par les Pères de l’Église pour former le Canon.
Ces différences sont-elles des divergences profondes ou des points de détail qui ne modifient pas la portée des événements rapportés ? Que nous apprennent variations ou précisions supplémentaires sur le projet de chacun des rédacteurs des Évangiles ?
Les enjeux sous-jacents sont, on le devine, nombreux. Notons-en un supplémentaire, qui concerne le dialogue polémique dans lequel les chrétiens sont engagés vis-à-vis de leurs contradicteurs, notamment musulmans. Dans la pensée musulmane officielle, les différences entre les quatre Évangiles sont considérées comme une preuve de leur falsification, laquelle autoriserait à rejeter les éléments les plus fondamentaux du dogme chrétien. L’état de nos connaissances historiques relatives aux premiers manuscrits conservés aussi bien que l’étude détaillée de la nature des divergences observées permettront de réfuter cette représentation.
