Avant cette drôle d'idée tout à fait saugrenue de nous quitter, et pourtant il le reconnaissait, il ne s'ennuyait jamais. Vraiment comment ne pas l'imaginer dans sa forme splendide, aussi bien parmi les siens à St Jean de Védas qu'à la mairie, Jean-Baptiste, quant à lui et quel que soit déjà le temps écoulé depuis son départ précipité (à sa décharge, ce n'était franchement pas prémédité) n'a pu résister au malin plaisir de se confier quelques trop brefs instants. Ce n'était à priori qu'une simple conversation à bâtons rompus, une belle après-midi d'été. Mais, très détendu, il a bien voulu le rester jusqu'au bout et ne pas lésiner sur son passé comme d'ailleurs son avenir. Du coup, il s'est empressé de devancer toutes sortes de questions qui n'auraient pas manqué de pleuvoir et de rafraîchir la chaude atmosphère. Finalement, comment s'est-il décidé plutôt bon gré que mal gré à prendre un siège et s'asseoir sans ménagement et surtout sans aucunement rechigner pour rester des heures et des jours durant, en fait un bon paquet d'années, aux côtés d'Isabelle Guiraud ? Ecoutons ses dires guère alambiqués. Oui, en effet, on peut tout de suite y répondre à ce qui a pu paraitre banal comme question : Evidemment, on ne va pas se leurrer, Jean-Baptiste, certains diront tête de bois, d'autres tête de mule, mais nous nous dirons en fins connaisseurs, tête bien pensante, Jean-Baptiste, lui avait décidé quels que soient les avis (en principe, toujours déraisonnables puisqu'ils provenaient naturellement en droite ligne de ses opposants du camp adverse arcihi-mal-connus) et dans tous les cas puisque machiavéliques, contraires à sa déontologie, à sa mure décision, de demeurer, de rester, de s'implanter, comme un chêne, parmi nous. Il y va de soi, qu'il a réussi son pari !
