Claude Durand fait sa fête à l'édition, d@ns le texte

2010-04-14 5

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Qu'y a-t-il dans la tête d'un éditeur, qui voit défiler devant lui, pendant toute une vie, les grands écrivains avec leurs petits côtés, les dignes jurés corruptibles, les journalistes suivistes tremblant de rater la révélation du moment ?

A quoi pense un éditeur, à qui son métier impose toujours de rester dans la coulisse ? Pendant des décennies, Claude Durand s'est tû. Ancien patron de Fayard, Durand a édité Soljenitsyne. Il a permis à Ismaïl Kadaré de fuir la dictature albanaise. Sous le communisme, il a édité les Mémoires de Lech Walesa. Avec la même aisance, et sans y voir d'incompatibilité, l'éditeur de ces géants a aussi édité des notables français (Balladur, Attali), ou des livres qui ont dynamité de puissantes institutions ("La face cachée du Monde", de Péan et Cohen).

Ayant pris l'an dernier une semi-retraite, il parle aujourd'hui. Et brosse, dans "J'aurais voulu être éditeur" (Albin Michel), un portrait terrible de l'édition (l'avant-papier de Judith Bernard est ici). Corruption, suivisme, lâchetés, indifférence à la littérature : lecteur qui entres dans ces pages, perds tout espoir. Pourquoi donc le livre de ce grand professionnel est-il marqué par le pessimisme et l'amertume ?

La question a taraudé Judith. Et elle la pose à Durand dès le début de l'émission. La réponse de l'invité est déroutante. Sentant les honneurs déferler sur lui, il a eu besoin, dit-il, de jouer l'enfant pas sage. Pour se donner de l'oxygène, il s'est organisé son chahut personnel, son carnaval intime. Une simple envie de faire turbuler son système. Un système sur lequel il nous livre tout de même les informations autorisées d'un "insider".