Le déplacement forcé des habitants d'un village de la montagne thébaine, sur la rive ouest de Louxor en Egypte, est sur le point de s'achever. Ils sont une dizaine, assis en cercle devant la porte du petit pavillon. Gardiens de temples ou de tombes pharaoniques, vendeurs de souvenirs, guides ou chômeurs. Chaque soir, quand le soleil plonge derrière la montagne thébaine, ils se retrouvent pour évoquer le bon vieux temps. Cela ressemble à une de ces réunions d'exilés, teintée de tristesse et de nostalgie. Sauf que pour ces enfants de Gourna, sur la rive ouest du Nil à Louxor, le paradis perdu se situe à moins de dix kilomètres. Pendant des siècles, les Gournaouis ont vécu dans des maisons construites au-dessus des tombes des Nobles, à flanc de montagne. Pendant des décennies, ils ont résisté à toutes les tentatives pour les en déloger, et laisser ainsi le champ libre aux archéologues, alors que la montagne dissimulerait encore un millier de tombes inconnues.