Le racisme. Sa logique, sa rhétorique qui se déploie en boucle, et les obsessions racistes d'un joli village à ruelles et à venelles, du Sud de la France : tel est le sujet apparent de "L'Arabe", de Antoine Audouard.
Mais seulement apparent.
Car à écouter soigneusement Audouard, cuisiné comme il se doit par Judith et Hubert, l'angle se décale légèrement. Et le roman apparait moins comme une dénonciation du racisme, que comme un cri d'épouvante de l'auteur devant sa propre complaisance, et la nôtre, autant que nous sommes, face aux discours racistes.
Face au racisme, regrette Audouard, "la rhétorique humaniste est une rhétorique faible. Le roman est une réponse de faible". Si faible, vraiment ? "Sarkozy commence une phrase sur deux par"c'est très simple". La faiblesse et la force de l'écrivain, c'est de répondre : non, c'est très compliqué".
Au passage, Audouard révèle une des racines de ce roman : il a été le nègre d'un des incarcérés français de Guantanamo, Mourad Benchellali. Et il n'est pas impossible, admet-il, "qu'une forme de culpabilité collective" ait pu "imprégner le livre". Une fois de plus, nous sortons de l'émission avec l'impression d'avoir séjourné une heure, sans effraction, au coeur de la démarche de l'auteur.
L'émission est proposée par Daniel Schneidermann, animée par Judith Bernard, et réalisée par François Rose Chroniqueur: Hubert Artus.