Pour le commun des mortels, un bon savon, c'est un savon qui lave bien. Mais pour Jean-Pierre, maître savonnier depuis trente ans au sein de la savonnerie historique Marius Fabre, un bon savon c'est, avant-tout, un savon... qui ne pique pas sur la langue lorsqu'on le goûte.
Ni vous, ni moi n'aurions l'idée de faire cela. Mais sachez que cette technique, ancestrale, est appliquée par cet orfèvre de la saponification à chaque fois que l'on effectue une nouvelle "coulée" de savon chez Marius Fabre.
En apparence, la fabrication d'un savon de Marseille, c'est simple. Mais dans les faits, c'est beaucoup plus complexe que ça. Son élaboration obéit, surtout, à un cahier des charges bien précis auxquels se rajoutent un ou deux secrets, jalousement gardés par les garants de ce savoir-faire qui a fait la richesse de Salon-de-Provence depuis 125 ans.
Opération spectaculaire
"Peu d'entreprises atteignent cet âge. C'est une grande fierté pour nous", indiquent, en chœur, Marie et Julie Bousquet-Fabre, les deux co-chefs d'entreprises de la savonnerie. C'est Marius, l'arrière-grand-père, qui a fondé l'entreprise, d'abord en fabriquant du savon de façon très artisanale dans son jardin avant la création de cette usine. C'est, surtout, lui a qui appris aux petites-filles, comment parvenir à fabriquer un vrai et bon savon de Marseille.
Si Julie, biologiste de formation, envisageait de reprendre un jour les rênes de Marius Fabre, ce n'était pas le cas de Marie qui se destinait à une carrière de juriste. Mais l'appel familial a été plus fort que tout et aujourd'hui, le duo, indissociable, est parfaitement complémentaire et gère une entreprise dont le chiffre d'affaires avoisine les 9 millions d'euros. Julie gère la production quand Marie s'occupe, elle, de la partie administrative, juridique et de l'export. Et parce que l'histoire est belle, et qu'elle dure, Julie et Marie ont décidé de s'ouvrir davantage en dévoilant un pan caché de la fabrication de "leur" savon.
Histoire de tenir le public en haleine, dans le cadre de cet anniversaire, la savonnerie nous a, en avant-première, permis de suivre le trajet de fabrication du savon de Marseille et dévoilé ce que les visiteurs de la savonnerie pourront découvrir très prochainement ; la coulée dans la salle des mises. Une opération assez spectaculaire et qui se déroule une fois par mois seulement.
5 étapes clefs dans la fabrication du savon
C'est le 20 janvier que la dernière étape s'est déroulée.
Quatorze jours auparavant, l'huile (de grignon) d'olive, principal ingrédient de la recette, a été mélangée à de l'huile de tournesol oléique - qui a remplacé, depuis quelques années, l'huile de palme chez Marius Fabre - et de la soude afin de former une pâte qui est mise à cuire dans un chaudron capable de contenir 25 tonnes de ce mélange. On parle alors d'empâtage.