Des professionnels de la santé, des membres des forces de l'ordre, ainsi que des citoyens ordinaires se forment à une technique de "déchocage" psychologique, destinée à être appliquée lors des premiers secours après des événements traumatisants tels que des attentats, des accidents de la route ou des agressions.
## Un outil contre le stress post-traumatique
Dix ans après les tragiques attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher, de nombreuses personnes continuent de souffrir de séquelles tant physiques que psychologiques, comme les troubles du stress post-traumatique. Pour contrer ces effets, le "protocole 6C" a été élaboré par le professeur Moshé Farchi, expert en résilience et en réactions au stress intense, afin de prévenir ces conséquences graves sur les victimes.
## Une pratique inspirée par l'armée
Utilisé par les armées israélienne et américaine dans le cadre des premiers secours psychologiques, ce protocole suscite également l'intérêt en France. Dans une salle de réunion d'un hôtel parisien, une dizaine d'apprenants, principalement des médecins et des psychologues, se familiarisent avec cette méthode. Au programme, une courte initiation aux six étapes à respecter, agrémentées de travaux pratiques.
## Apprendre à gérer la situation
"Est-ce qu'il est mort ?" répète une formatrice aux participants, mimant une personne en proie à un choc. Un volontaire s'emploie à apaiser la victime. La première étape de la méthode consiste à établir un contact : "Je m'appelle David, je suis secouriste, je suis là pour vous. Regardez-moi, je ne vous abandonne pas." Suivent trois questions cruciales qui encouragent le cerveau à se réactiver et à mettre de côté les émotions. Il est ensuite essentiel de faire raconter l'incident par la victime et de l'impliquer dans le processus de secours.
## Une approche neuroscientifique
Emmanuelle Halioua, experte en premiers secours psychologiques d'urgence, explique que deux régions spécifiques du cerveau s'activent lors de situations de stress intense : l'amygdale, qui gère les émotions et la survie, et le cortex préfrontal, lié à l'efficacité. Dans ces moments critiques, il devient difficile d'être efficace, d'où l'importance d'un discours clair et direct plutôt que de formules comme " ça va aller" ou "vous voulez un verre d'eau ?".
## Une adoption croissante
Les participants à ces sessions sont fréquemment exposés à des situations d'urgence. Par exemple, Arié, anesthésiste réanimateur, raconte qu'il y a un mois, un incident au bloc opératoire a causé une sidération chez l'une des personnes présentes. De même, Esther, psychologue à Barcelonnette, évoque les défis émotionnels auxquels elle fait face, notamment lors d'événements tragiques.
Aujourd'hui, cette méthode de "déchocage" psychologique est de plus en plus adoptée, non seulement par les services de secours et l'armée, mais aussi par diverses entrepris