La nouvelle année politique s'ouvre pour le gouvernement de François Bayrou sous la menace d'une motion de censure. Au-delà du sort du Premier ministre, le Rassemblement National (RN) et La France Insoumise (LFI) s'activent pour faire de l'avenir du président Emmanuel Macron un enjeu de débat public.
## Une rentrée politique sous tension
En 2025, le contexte politique est particulièrement chargé, avec un cabinet dirigé par Bayrou déjà susceptible de tomber. Avant même que le Premier ministre n'énonce ses premiers mots lors de sa déclaration de politique générale le 14 janvier, LFI a déjà annoncé son intention de déposer une motion de censure, soutenue potentiellement par les socialistes. Bien que Marine Le Pen ait laissé entendre une certaine indulgence lors de la nomination de Bayrou, ce dernier est conscient de la précarité de tels engagements, en particulier après les manœuvres de Le Pen qui ont conduit à la chute de Michel Barnier.
## Les architectes du désordre
Ce climat chaotique est illustré par les "ingénieurs du chaos", un terme emprunté au titre du livre de Guliano Da Empoli qui décrit l'essor des leaders populistes. En France, cela se traduit par les figures de Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, qui font tous deux pression sur Emmanuel Macron. Le Pen, menacée d'inéligibilité, estime qu'il lui est avantageux de laisser Mélenchon exiger la démission du président, puisqu'il est le seul sur la gauche à pouvoir soutenir sa candidature financièrement.
## Une crise politique aggravée
Les deux leaders cherchent à placer l'avenir présidentiel d'Emmanuel Macron au centre des préoccupations du débat public. Des sondages révèlent que six Français sur dix désirent son départ, un désenchantement rappelle celui des mandats de Nicolas Sarkozy ou François Hollande. Cependant, dans cette atmosphère de débat enragé, ces repères semblent avoir disparu, et la mémoire politique s'évanouit.
## Les conséquences d'une présidentielle anticipée
Organiser des élections présidentielles anticipées ne résoudrait pas la crise politique, au contraire, cela la transformerait en crise de régime, voire en crise démocratique. Qui peut penser qu'une campagne courte de 35 jours dans le contexte actuel améliorerait la situation du pays ? Ce précédent risquerait également de contraindre les futurs présidents à démissionner chaque fois qu'ils perdent en popularité. Il est essentiel de noter que LFI et le RN ne peuvent pas renverser un gouvernement seuls. Ils ont besoin de l'appui des autres forces de gauche, notamment du Parti Socialiste. Les "ingénieurs du chaos" deviennent alors dépendants des "idiots utiles", ces alliés inconscients qui, tout en étant eux-mêmes touchés, contribuent aux desseins de ceux qui les entraînent dans le désordre.