C’est sous la bannière "antisioniste" que Dieudonné a fait part de son intention de présenter, aux côtés d'Alain Soral, 5 listes aux élections européennes de juin. Une annonce qui serait – presque – passée inarperçue si Claude Guéant, le porte-parole de l’Elysée, n’avait affirmé étudier la possibilité de faire interdire des listes qu’il a qualifiées de "programme ouvertement antisémite".
"Pour les tribunaux, l’antisionisme n’est pas répréhensible"
Une polémique dont se serait bien passés les détracteurs du comédien. Pour le député européen socialiste Vincent Peillon, le "buzz médiatique" suscité par les propos de Claude Guéant profite surtout à Dieudonné, qui "ne mérite pas autant d'attention".
Pour Jean-Yves Camus, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), l’interdiction d’une liste en France serait une mesure tout à fait exceptionnelle […] Ce serait une mesure parfaitement unique dans l’histoire de notre Constitution”. Car selon le politologue, "c’est sur la base de propagande électorale qu’on pourrait interdire, non pas la liste, mais la propagande de la liste". Autrement dit, Dieudonné pourrait tout au plus être interdit de faire campagne.
Mais, là encore, rien n’indique que les pouvoirs publics puissent prouver le caractère raciste et antisémite, et donc illégal, du message véhiculé par les listes du comédien. "Pour les tribunaux français, l’antisionisme n’est pas répréhensible car les juges le distinguent de l’antisémitisme", explique Jean-Yves Camus.
Aux yeux de nombreux observateurs, les déclarations du porte-parole de l’Elysée paraissent d’autant plus vaines qu’il reste peu probable que les autorités françaises parviennent à interdire les listes controversées.