Le danger du « bonheur de ne plus penser »
Le neuropsychiatre identifie l'humanité comme un tout, comme un patient qui serait à un moment charnière, où la nécessité de l'évolution devient pressante : « Dès l'instant où il y a de la vie, il y a de l'évolution. Une société qui n'évolue pas se pétrifie et meurt, le problème c'est de savoir comment on va évoluer et aujourd'hui on est à la croisée des chemins. » Il rappelle que les épreuves, qu'il s'agisse de guerres ou de catastrophes, imposent un virage : « catastrophe, ça veut dire obligation de changer, obligation à évoluer. »
Au cœur de la catastrophe, l’Homme est comme hypnotisé dans une société de divertissement. « On se tanque devant la télé. Et là ! On arrête de penser, quel bonheur ! On est transformé en zombie. Plus de problème ! Plus d’altérité. C’est le bonheur de ne plus penser, » affirme-t-il. Épreuve ultime à surmonter ou pas : ce moment propice pour tous les dictateurs de réussir à se faire élire démocratiquement. « La tendance naturelle, c'est ne plus penser, c'est de réciter. C’est pour cela que les parties extrêmes ont tellement de succès. On est tranquille, on ne se pose plus de questions, on récite la voix du chef, on est heureux, on ne résout rien et on aggrave tous les problèmes. » Pour le neuropsychiatre, c’est une pensée uniquement faite de slogans « et les slogans, c'est l'euphorie. »
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