Malvoyant de naissance, Timothée Adolphe, 34 ans, vit dans l’obscurité totale depuis ses 19 ans. Son salut, il l’a trouvé dans le sprint de très haut niveau, voilà plus de dix ans. Il court, sur les pistes des plus prestigieux stades, relié par une cordelette à un guide, dans un mouvement parfaitement synchronisé. « On court en miroir, explique-t-il, avec la même foulée, les mêmes mouvements de bras, les mêmes appuis. C’est une chorégraphie qu’on travaille tous les jours. »
Son surnom de « guépard blanc », il le doit à son premier coach, Arthémon Hatungimana, impressionné par sa prodigieuse rapidité tout autant que par sa maigreur féline. En 2011, l’athlète burundais, vice-champion du monde sur 800 mètres (Göteborg, 1995), est le premier à croire en lui. Il le prend sous son aile et, à force d’entraînements, lui ouvre les portes des plus grandes compétitions paralympiques. Vice-champion du 100 mètres (Tokyo 2020), champion du monde du 400 mètres et vice-champion du monde du 100 mètres, Timothée Adolphe est aussi détenteur du record du monde du 60 mètres, du record d’Europe du 200 mètres ainsi que de l’ancien record d’Europe du 100 mètres. Il est considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs sprinters au monde et représente le plus grand espoir de médailles françaises aux Jeux Paralympiques de Paris 2024.