Les urinoirs et les cuvettes de wc - qui viennent jusqu’à toucher les parties les plus intimes des hommes et des femmes pour mieux leur permettre d’évacuer leurs déjections dans d’immenses infrastructures souterraines - sont les seuls éléments de l’architecture à entretenir des relations de proximité aussi intenses avec les corps.
Avec leurs formes ergonomiques et leurs multiples modèles conçus pour épouser au mieux les courbes des bas-ventres et des fesses, les sanitaires poussent l’architecture, par essence prude et coercitive, à s’aventurer hors de ses frontières...
Au corps glorieux luttant contre la pesanteur promis pas les colonnes, elles substituent un corps accroupi et recroquevillé sur lui-même qui force pour accompagner l’expulsion de ses excréments comme s’il était entièrement soumis à la gravité...
Une pesanteur très bien exprimée dans la salle des fêtes du restaurant Les Cols à Olot réalisée par l’agence espagnole RCR. Lancés entre deux soutènement massifs, distants de plus de trente mètres, des longs tubes d’acier portant une toiture légère s’infléchissent sous leur propre poids pour dessiner des des guirlandes tandis que les toilettes creusées comme des grottes dans les masses porteuses livrent sans médiation les clients accroupis au bruit et à la fureur du monde extérieur...
Mais nous reviendrons aussi sur la dernière biennale de Venise ou plusieurs pavillons nationaux notamment ceux de la Finlande et de l’Allemagne présentaient des toilettes sèches et préconisaient le recyclage des excréments en introduisant un nouveau rapport au corps et à la nature...