SCOFFIER - Université Populaire - Le Sol

2024-02-06 1,081

◀︎ CONFÉRENCES - DÉBATS / UNIVERSITÉ POPULAIRE
UNIVERSITÉ POPULAIRE
LES ÉLÉMENTS DE L'ARCHITECTURE III, PAR RICHARD SCOFFIER
LES SAMEDIS 3 FÉVRIER, 2 MARS, 30 MARS, 27 AVRIL 2024
Quel est le lien entre le sol, le baldaquin, la colonne et les toilettes ? Chacun de ces éléments de l’architecture est étroitement associé à une question d’ordre philosophique. Ainsi le sol renvoie-t-il à la nature animale de l’être humain qui vit en osmose avec son milieu. Mais contrairement au loup ou au renard, l’homme ne se contente pas de borner son territoire de ses déjections : il l’aménage et le modifie parfois de fond en comble pour obtenir les surfaces plates et lisses nécessaires à son épanouissement. Le baldaquin ou le dais se glissent au-dessus des têtes de certaines personnes pour les protéger, mais surtout pour les placer dans un environnement à leur mesure. Tandis que la colonne émerge du sol et se dresse afin de figer dans le marbre le moment inaugural où l’être humain en lutte contre l’attraction terrestre se lève sur ses pattes arrière pour dominer le paysage. Quant aux toilettes, elles rendent compte d’un autre corps : un corps qui ne se dresse pas en gloire mais qui s’accroupit pour se connecter aux multiples canalisations ombilicales qui s’enfoncent dans le sol afin d’évacuer ses déjections...

COURS #1 : LE SOL
Samedi 3 février 2024 de 11h à 13h
COMPLET - inscription à la liste d'attente ici

Replongeons-nous dans la peinture italienne ou flamande des XVe et XVIe siècles où s’étendent des sols plats et tramés composant de vastes échiquiers sur lesquels peuvent indifféremment se jouer diverses scènes religieuses ou profanes : annonciation, vierge à l’enfant, crucifixion ou mariage, repas de noces... Comme si ces surfaces plates et quadrillées étaient la condition sine qua non de tous ces évènements fictifs ou réels qui accompagnent la vie humaine. Comme s’il fallait déforester, épierrer, aplanir pour parvenir à l’espace géométrisé qui correspond au véritable milieu humain.
Des sols tramés que nous retrouverons dans l’architecture du XXe siècle aussi bien dans la Große Strasse à Nuremberg - une avenue dallée aux dimensions comparables à celles des Champs-Élysées réalisée par Albert Speer en 1936, au milieu d’un parc, pour les parades et défilés militaires nazis - que dans les projets radicaux de Superstudio datant de l’après 68. Ou encore dans certaines réalisations contemporaines telles : le pont Simone Veil d’OMA à Bordeaux (2024) ; le réaménagement de la place de la République de TVK à Paris (2013) ou le Lieu de vie à Saclay dessiné par le Studio Muoto (2016)...
Des sols qui peuvent aussi se soulever pour former des socles habitables, comme la Maison Malaparte (1937) d’Adalberto Libera à Capri ou la Maison de l’Infini (2014) d’Alberto Campo Baeza à Tarifa. Se suspendre, comme au musée d’art moderne de Lina Bo Bardi à São Paulo (1968), ou se superposer, comme à la Casa Alta (1969) de Sergio Bernardes à Rio de Janeiro...

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