On déambule au sein de la chapelle des Pénitents noirs, s’acclimate, regarde et écoute. On s’interroge aussi: rester ou partir ? Non, non, non. Il ne faut surtout pas quitter les lieux, mais plutôt prendre le temps, se laisser aller, ouvrir quelques barrières, en fermer d’autres - celles contenant les préjugés de beauf’ à Cabu sur l’art contemporain. Une fois que l’attention est là, la curiosité attisée, on se surprend à constater que la frontière entre lumière et matière a disparu. Où commence le mur ? Où se termine l’ombre? La musique éclaire l’œuvre, les notes se jettent dans les faisceaux. Et l’on voit apparaître des volumes, "palpables et impalpables".
L’Ailo (Atelier d’immersion lumineuse et obscure) est une entité artistique fondée par la plasticienne Anna-Eva Berge, avec Fabrice Leroux à la sonorisation et Grégoire Lauvin à la motorisation, entité qui propose cette installation intitulée Lignes sensibles jusqu’au 30 mars au Centre d’art Les Pénitents noirs.
"Ils ont travaillé avec des miroirs qui réfléchissent la lumière, laquelle intègre alors l’installation, explique Coralie Duponchel, directrice des Pénitents. En démultipliant ombres et lumières, cela crée des rythmes et provoque une double lecture : une première, très sensible, puis on se laisse envahir par la complexité des différents rythmes." Les artistes "sont venus en novembre en résidence pour installer cette exposition. L’objectif ? Que les œuvres se répondent sans se percuter." Et cela fonctionne.
Lignes sensibles se poursuit à la Galerie du hérisson, située au sein du collège Lakanal, où les artistes d’Ailo travaillent avec les élèves "autour de l’idée de rapport de force entre l’ombre et la lumière, pour construire avec eux leur installation". Par ailleurs, de nombreux élèves d’Aubagne, "du plus petit au plus grand", participent à des ateliers aux Pénitents. Qui placent ainsi l’art contemporain en pleine lumière.