Pour certains, la souveraineté serait un frein à l’attractivité. Pour d’autres, l’attractivité se ferait sur l’autel de notre souveraineté. Souveraineté et attractivité culturelles et économiques sont-elles fondamentalement incompatibles ? L’Europe saura-t-elle concilier ces deux injonctions, à savoir renforcer l’attractivité de son territoire et de son secteur audiovisuel, tout en conservant sa souveraineté notamment en mettant en place des textes fondamentaux (EMFA, DSA, DMA, révision de la Directive SMA et de la définition de l’œuvre européenne, géoblocage, …) ?
Dès lors, quel point d’équilibre entre d’une part des investissements extra-européens et, d’autre part, une création forte et maîtresse de son propre développement ? Comment l’Europe, à l’échelle territoriale, nationale et communautaire, réussit-elle à (ré)concilier croissance, investissements directs étrangers et protection de ses actifs culturels ? Quelle politique économique et culturelle pour favoriser le dynamisme de la filière, et limiter les risques d’une dépendance trop importante aux capitaux extra-européens ?
Autant de questions qui reviennent régulièrement dans les débats économiques et politiques nationaux et européens, notamment depuis la crise sanitaire.
Si d’autres industries culturelles et créatives (par exemple, la musique ou le jeu vidéo) y ont déjà été confrontées, c’est une ligne de tension assez récente pour le cinéma européen. L’intégration massive des plateformes, les transformations paradigmatiques liées au numérique et à la globalisation du secteur, la crise sanitaire et les plans de relance pour en limiter les effets, ont accéléré le mouvement.