L'Orchestre philharmonique de Radio France joue, sous la direction de Sir John Eliot Gardiner, Harold en Italie, symphonie en 4 parties composée par Hector Berlioz. Extrait du concert donné le 4 février 2022 à la Maison de la Radio et de la Musique.
Structure :
Harold aux montagnes : scènes de mélancolie, de bonheur et de joie
Marche des pèlerins chantant la prière du soir
Sérénade d'un montagnard des Abruzzes à sa maîtresse
Orgie de brigands. Souvenirs des scènes précédentes
Les circonstances de la composition d’Harold en Italie sont bien connues. Niccolò Paganini, après avoir entendu la Symphonie fantastique de Berlioz en 1833, se précipite auprès du compositeur : « J’ai un alto merveilleux, un instrument admirable de Stradivarius, et je voudrais en jouer en public. Mais je n’ai pas de musique ad hoc. Voulez-vous écrire un solo d’alto ? » Le concerto (qui n’en n’est pas un) est alors composé, créé à Paris, et sera interprété ensuite dans toute l’Europe sous la direction de Berlioz. Paganini, lui, ne le jouera jamais, refroidi par ce qu’il a vu dans les premiers brouillons : une symphonie avec alto principal n’est pas un concerto. Cinq ans plus tard pourtant, Paganini, rongé par la maladie, l’entend pour la première fois.
Nous sommes le 16 décembre 1838, au Conservatoire, et la scène est légendaire : Berlioz, épuisé par le concert qu’il vient de diriger, voit apparaître un Paganini rendu muet par la maladie. Il est accompagné par son fils, qui déclare à Berlioz : « Mon père m’ordonne de vous assurer, monsieur, que de sa vie il n’a éprouvé dans un concert une impression pareille. » Berlioz est alors tiré par le bras vers la scène où restaient encore quelques musiciens, et se fait baiser la main par le violoniste mourant. Il serait juste de préciser que Berlioz ne s’inspire pas tout à fait du déroulé narratif du Pèlerinage de Childe Harold de Byron mais plutôt d’un de ses propres voyages effectué au pied des Abruzzes : sa musique provient ainsi du mélange de l’observation des paysages italiens et de la lecture des œuvres de Byron al fresco dans un confessionnal de la basilique Saint-Pierre à Rome.
Le premier mouvement, « Harold aux montagnes », ouvre la symphonie avec un paysage de lever du jour : un fugato sombre donné aux instruments graves sert d’assise à la version minorisée du thème d’Harold (thème qui, à la différence de l’idée fixe de la Symphonie fantastique, conserve son identité du début à la fin de la symphonie*) avant de progresser vers un grandiose fortissimo. Le soleil perce à travers les nuages et éclaire un Allegro décontracté et guilleret.
Le deuxième mouvement, « Marche de pèlerins », est construit en arche : pppp vers f puis retour à pppp. La musique accompagne l’approche de la procession, le passage du jour à la nuit, et la transition du contentement vers l’angoisse.
Le troisième mouvement, « Sérénade », met en scène la seule musique italienne que Berlioz apprécie : celle des pifferari (joueurs d’instruments à vent itinérants