Est-il hypocrite d’appeler au boycott de la Coupe du monde ? Oui, ce titre est un peu provocateur. Le lancement de la coupe du monde de football masculine, c’est le 20 novembre 2022 à Doha, au Qatar. Donc très bientôt.
Une chose est certaine, cette Coupe du monde n'a pas commencé que son bilan est déjà lourd :
au niveau climatique : la climatisation dans les stades, la construction de ces stades et de toutes les infrastructures pour accueillir la Coupe, c'est-à-dire le métro, les hôtels, de véritables quartiers qui sont sortis de terre, et puis les vols prévus toutes les dix minutes apparemment pour se rendre aux matchs au Qatar entre le petit émirat et les pays voisins …
surtout au niveau humain : au moins 6 500 ouvriers étrangers sont morts sur les chantiers.
Depuis quelques jours, plusieurs villes de France ont annoncé boycotter l’événement. Ce qui veut dire pas de fan zone ou d’écran géant.
Déjà quelques semaines auparavant, le Quotidien de la Réunion et de l’Océan indien a fait sa Une déclarant boycotter cet événement planétaire. Depuis des bars, restaurants puis des villes comme Marseille, Lille ou encore Paris ont décidé de suivre. Et encore avant, y a eu Vincent Lindon sur France Inter, fin août 2022, qui estimait que cette Coupe du monde était "une histoire répugnante".
Alors la question se pose : pour ou contre le boycott ?
"L’avis de la population, il est quand même très partagé (...) les gens se réveillent un peu avec 12 ans de retard", estime Nabil Ennasri, docteur en science politique et co-auteur du livre “L’empire du Qatar, nouveau maître du jeu ?” avec Raphaël Le Magoariec. "Disons que c’est un peu la fausse bonne idée dans le sens où je comprends l’idée de marquer le coup contre les conditions déplorables documentées par Amn. Mais du coup il faut aussi être cohérent : soit le Qatar est fréquentable, auquel cas on lui vend des armes, on organise un partenariat de défense commercial et stratégique avec lui et donc on participe à la coupe du monde. Soit il n’est pas fréquentable du fait du bilan carbone de son système de développement ahurissant et des violations répétées des droits humains auquel cas on ne peut pas commercer d’un côté et prendre en otage le sport de l’autre."
Mais pas tout le monde est d'accord : "Moi je suis pour. J’attends impatiemment la Coupe du monde en tant que fan de foot, mais pour moi, il y a trop d'aberrations, que ce soit au niveau écologique ou humain ou même de procédure pour l’affectation de la Coupe du monde (...) en tout cas qu’on ne fasse pas comme si tout s’était bien passé", explique de son côté Aymeric.
Du côté d’Amnesty International, on n’appelle pas au boycott mais … "on ne critique pas des organisations ou des individus qui vont faire le choix de boycotter cette coupe du monde", déclare Lola Schulmann, chargée de plaidoyer chez Amnesty International.