Emmanuel Macron consulte : d’après ses interlocuteurs, le Président évoque la possibilité d’un « gouvernement d’union national ». Mais que veulent les Français ? « C’est trop tôt pour le dire, juge Bernard Sananès. Les Français sont surpris, comme les politiques, de ce qui s’est passé dimanche mais, finalement, ils ont installé une part de proportionnelle à l’Assemblée sans modification du scrutin. Et ils n’ont pas souhaité, la leçon est très claire, donner une majorité absolue à Emmanuel Macron comme si sa promesse de gouverner autrement n’avait pas convaincu les Français. Ils ont donc choisi de lui imposer de gouverner autrement. »
Mais une union nationale présuppose un minimum de coopération. Est-ce vraiment ce que cherche Emmanuel Macron ou est-ce un leurre pour masquer des débauchages en sous-main de députés LR ou de gauche ? « On ne peut pas sous-estimer la tentation politique et les arrière-pensées politiciennes, confirme Bernard Sananès. C’est vrai qu’il serait plus facile de revenir devant les Français dans quelques jours pour le Président en affirmant avoir proposé l’union nationale, en vain, ce qui l’oblige à étudier des coalitions au cas par cas. Pour autant, historiquement, l’idée d’une union nationale a toujours eu du crédit dans les enquêtes. »
Dans ce contexte, Emmanuel Macron doit-il prendre la parole rapidement ? « Oui, répond notre invité, car les Français ont voulu lui adresser un avertissement de manière très forte. Finalement, de sa réélection, il n’a retenu que son score comme s’il avait oublié les colères qui se cachaient derrière ce vote. »
Enfin, concernant la percée historique du Rassemblement national au sein de l’Assemblée, Bernard Sananès analyse : « Marine Le Pen a réussi sa stratégie de dédiabolisation. Le RN a réussi à l’emporter en duel dans autant de cas qu’il en a perdu, c’est un fait politique majeur. Pour Marine Le Pen, il va désormais falloir montrer que son opposition est crédible alors que la bataille pour le leadership de l’opposition va commencer. »