Au regard du résultat des premiers tours des élections législatives, quelles sont les chances qu’Emmanuel Macron obtienne une majorité absolue à l’Assemblée nationale ? « A peu près une chance sur deux, répond Bruno Jeanbart, vice-président de l’institut de sondages OpinionWay. Quand on regarde les projections, on est entre 260 et 300 députés. Il a une chance sur deux car, évidemment, le second tour est une autre élection et qu’il y a des dynamiques qui peuvent se déclencher en sa faveur. Et si l’union de la gauche lui a permis de qualifier beaucoup de candidats au premier tour, au second tour, cette union empêche d’aller chercher des réserves de voix. »
Ce premier tour ne constitue-t-il pas un vrai tournant dans ce qu’Emmanuel Macron a essayé de construire depuis ces cinq dernières années, à savoir un centre attrape-tout et deux extrêmes qui s’y opposent ? « Oui, confirme notre invité, c’est un tournant car on voit les limites de cette stratégie. Ça fonctionne très bien si vous êtes capables d’aspirer les camps intermédiaires. Mais quand la droite résiste mieux qu’à la présidentielle, il y a une difficulté qui se pose, à savoir que votre base centrale devient un peu trop faible et devient en difficultés par rapport aux deux forces radicales situées aux extrêmes. »
Mais le grand vainqueur de cette élection reste l’abstention. Ce n’est pas la première fois qu’un premier tour des législatives voit la barre des 50% d’abstention être dépassée, mais cette fois, c’est encore plus qu’il y a cinq ans. Quels enseignements doit-on en tirer ? « Je crois que cela dit d’abord quelque chose sur cette élection qui a un problème et qu’il va falloir résoudre pour le prochain quinquennat, explique Bruno Jeanbart. Comment positionne-t-on cette élection et comment faire en sorte que les Français comprennent cette élection ? Je crois qu’aujourd’hui les Français ne comprennent plus que, deux mois après une élection présidentielle, on leur redemande de voter pour une majorité pour gouverner le pays. »