HOMMAGE - “Monsieur l’immense Michel Bouquet”. C’est avec ces mots que Fabrice Luchini a débuté son adresse au monument du théâtre français, décédé mi-avril à l’âge de 96 ans. L’acteur, entouré de Muriel Robin et Pierre Arditi, a pris la parole depuis la cour de l’hôtel des Invalides ce mercredi 27 avril, lors d’un hommage nationalcomme vous pouvez le voir dans notre vidéo.
“Je peux dire que tu as été l’une des plus belles rencontres de mon parcours de comédien (...) Jamais aucun acteur ne m’a bouleversé comme cela”, s’est remémoré Fabrice Luchini, qui avait donné la réplique à Michel Bouquet dans le film Vincent mit l’âne dans un pré (et s’en vint dans l’autre) en 1975. Et de saluer “le génie”, “la chaleur humaine”, “l’intelligence”, mais aussi “la drôlerie” de ce géant de la scène.
L’émouvante lettre de Muriel Robin
Muriel Robin, qui fut l’élève de Michel Bouquet au Conservatoire, a à son tour égrainé leurs souvenirs ensemble dans une lettre très émouvante adressée à “Monsieur Bouquet, parce que je vous ai toujours appelé ainsi. Sans prénom vous restiez le maître”.
Avec pour point d’orgue ce jour où le comédien lui avait lancé: “Je suis ton père de théâtre”. “Mon plus bel acte de naissance”, souffle-t-elle en essuyant ses larmes. Sans oublier cet échange décisif: “Il y a 15 ans, le métier me tuait, vous m’avez dit, ‘Tu n’as pas le droit, Muriel!’ Vous m’avez sans doute empêchée de mourir”.
Pierre Arditi, lui aussi gagné par l’émotion, a rappelé à quel point “jouer était une nécessité intime” pour Michel Bouquet. “Tu n’as pas réussi à te faire oublier, tant tes incarnations sont immenses, inattendues, uniques”, a déclaré l’acteur de On connaît la chanson. “Ionesco, Molière, Camus, Anouilh et tant d’autres le savent eux, qui te bénissent sûrement de les avoir si magnifiquement servis et éclairés”.
“Crever l’écran et brûler les planches”
Après ces émouvantes lettres des trois comédiens, le président fraîchement réélu Emmanuel Macron a prononcé l’éloge funèbre à Michel Bouquet qui aura “crevé l’écran et brûlé les planches pendant plus de 70 ans”.
“Sept décennies durant, Michel Bouquet a porté le théâtre et le cinéma au plus haut degré d’incandescence et de vérité, montrant l’homme dans toutes ses contradictions, avec une intensité qui brûlait les planches et crevait l’écran. Un monstre sacré nous a quittés”, avait déjà réagi le président à l’annonce du décès.