Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, est intervenu mercredi 23 mars devant le Parlement français quelques jours après s'être successivement devant le Parlement européen, celui de Westminter, du Canada, le Congrès des Etats-Unis, la Diète de Pologne et la Knesset israélienne.
« Je suis sûr que vous savez très bien ce qui se passe en Ukraine, pourquoi cela se produit, et vous savez qui est coupable », a-t-il déclaré en visioconférence devant les députés et sénateurs français réunis à l'Assemblée nationale.
« Zelensky est un communicant, un homme qui vient des médias et donc qui connaît bien cet univers. Ça se retrouve dans les fréquences de ses apparitions publiques, sous forme de vidéos, il en filme plusieurs par jour qu'il diffuse sur les médias du pays mais aussi à travers les plateformes et les réseaux sociaux numériques. Ce sont des messages courts, pertinents et qui, à chaque fois, apportent de nouvelles informations qui ne sont pas répétitives et qui sont factuelles », décrypte Valentyna Dymytrova, maîtresse de conférences en Sciences de l’information et de la communication à l’Université Lyon 3.
« Il va nous dire quelle ville a été attaquée, le nombre de victimes, etc. C'est un grand utilisateur d'Instagram, Twitter et Facebook. Je ne parle même pas de la chaîne YouTube, poursuit la chercheuse franco-ukrainienne. Et d'autre part, Vladimir Poutine privilégie, lui, des formats un peu plus traditionnels et officiels, avec des discours souvent marqués par leur longueur, qui sont retransmis par des médias officiels du pays, commentés ensuite par ces médias. De toute façon il ne peut pas utiliser les réseaux sociaux type Instagram, Facebook ou Twitter parce qu'il les a coupés, donc le pays n'y a plus accès », compare Valentyna Dymytrova.
Pour rallier l’opinion publique mondiale à la cause ukrainienne, le président ukrainien multiplie les interventions en visioconférence devant les Parlements du monde entier.
« Marioupol et d'autres villes ukrainiennes frappées par l'occupant rappellent les ruines de Verdun », a affirmé le président ukrainien devant les parlementaires français.
Pour Valentyna Dymytrova, « il cherche surtout à parler à sa cible ». « Et le fait qu'il adapte effectivement son discours à sa cible, ça peut avoir un certain succès dans ses communications auprès des parlementaires des différents pays, analyse la chercheuse. Ce sont des références à des événements historiques et culturels forts qui sont bien reconnus par les interlocuteurs de ces pays. »
Fermé sur lui-même, Vladimir Poutine ne s'adresse qu'aux seuls Russes. « On se demande s'il est vraiment le porte-parole de son propre peuple parce que dans son discours, surtout le dernier, le 17 mars 2022, on a bien entendu l'idée de partager les Russes en bons et mauvais, ceux qui soutiennent le Kremlin et ceux qui ne le soutiennent pas, s'interroge Valentyna Dymytrova. Il est en train de chercher des traîtres au sein de sa propre population. »