C’était avant l’invasion russe de 2008, en Géorgie. Et bien avant 2014 et le début du conflit au Dombass, ce territoire disputé au gouvernement ukrainien par des indépendantistes pro-russes soutenus par Moscou. Nous sommes le 7 mai 2005 et Christian Malard a face à lui, Vladimir Poutine. Le président russe a accepté de répondre aux questions du reporter du journal télévisé de France 3, à l’occasion des 6O ans de la fin de la Seconde guerre mondiale. Lors de cet entretien, tournée dans une résidence officielle russe, Vladimir Poutine est interrogé sur son autoritarisme, sa vision économique et même sur une adhésion de son pays à l’Union européenne. Puis viens une question de Christian Malard, sur « l’Otan qui essaie d’étendre son influence » à des voisins de la Russie « comme l’Ukraine et la Géorgie». Le chef de l’Etat russe va alors répondre sans détour au journaliste du « 19/20». « Je ne vois pas comment un élargissement de l’Otan à nos voisins baltes peut améliorer la sécurité du monde (...) S’il devait y avoir une présence militaire de l’Otan en Ukraine, je n’y maintiendrai plus nos technologies de pointe », assure alors Vladimir Poutine. C’est alors que tombe la menace : « L’Ukraine pourrait alors avoir des problèmes, je vous le dis franchement». 17 ans après cet interview, l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan ne s’est jamais faite malgré la promesse américaine de 2008 mais les troupes russes sont entrées en Ukraine, avec pour prétexte notamment, l’hypothétique adhésion de Kiev à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord. 48 heures avant l’invasion, Poutine assure encore à la télévision, « La meilleure solution serait que les autorités actuellement au pouvoir à Kiev refusent d’elles-mêmes de rejoindre l’Otan et s’en tiennent à une neutralité ». Samedi, alors que son pays est attaqué, c’est Volodymyr Zelensky, le président ukrainien qui demande :« Qui est prêt à combattre avec nous ? Je ne vois personne. Qui est prêt à donner à l’ Ukraine la garantie d’une adhésion à l’Otan ?».