TÉLÉVISION - Après Vincent Bolloré, Bernard Arnault ou Gilles Pélisson, au tour d’Arnaud Lagardère de témoigner sous serment face aux Sénateurs. L’homme d’affaires a été auditionné ce jeudi 17 février par la commission d’enquête sur la concentration dans les médias.
Durant un peu plus d’une heure trente, il a été interrogé, alors même que Vivendi, de Vincent Bolloré, s’apprête à avaler son groupe qui possède notamment Paris Match, le Journal du Dimanche ainsi que la radio Europe 1.
Arnaud Lagardère a d’abord fait part de sa “reconnaissance” vis-à-vis de la famille Bolloré au cours de son propos liminaire. Il a ensuite été interrogé par le rapporteur David Assouline sur l’influence que pourrait avoir Vincent Bolloré sur la nouvelle grille d’Europe 1. Celle-ci comporte des synergies avec CNews, à l’origine d’une grève de cinq jours en juin dernier.
Il était notamment question du départ de l’humoriste Nicolas Canteloup, alors que ce dernier s’était payé à plusieurs reprises le milliardaire breton dans ses chroniques de la matinale, animée par Matthieu Belliard, lui aussi parti depuis.
“Il ne posait pas de problème”
“Nous n’avons pas remplacé Nicolas Canteloup par un autre humoriste, donc c’est bien la preuve qu’il ne posait pas de problème”, a justifié Arnaud Lagardère, détaillant le réajustement éditorial opéré sur la matinale, en perte de vitesse face à France Inter et RTL.
“Nous avons souhaité nous engager davantage comme une radio généraliste qui donne une plus grande part à l’information et au débat le matin. On estimait que cela correspondait plus à l’état d’esprit qu’Europe 1 pouvait avoir.”
Arnaud Lagardère a poursuivi avec un tout autre argument, plus étonnant et bien plus personnel: “S’il y avait eu un problème éditorial avec Canteloup, je pense qu’on s’en serait séparé depuis longtemps. Avant Monsieur Bolloré, j’étais probablement dans le top 3 des personnes qu’il aimait taquiner, a-t-il ironisé, faisant référence à ses imitations. “Ce serait décevant de la part de Monsieur Canteloup qu’il dise qu’il a été évincé (d’Europe 1) pour des raisons éditoriales. Il a toujours eu la liberté éditoriale.”
Écarté de la station au cours de l’été dernier, l’humoriste s’était confié à nos confrères du Parisien, début septembre 2021. Il avait alors expliqué n’avoir reçu “aucune explication” de la part de la direction de la station concernant son éviction.
Au cours de son audition, Arnaud Lagardère a également pu s’expliquer au sujet de l’éviction d’Hervé Gattegno, patron de Paris Match et du JDD, intervenue le 22 octobre dernier. L’homme d’affaires a là encore balayé la supposée influence qu’aurait pu avoir Vincent Bolloré sur cette décision. Il a expliqué que ce mouvement en interne n’avait pas été décidé “pour des raisons éditoriales”, sans toutefois donner plus d’explications sur les causes réelles de son départ.