Gaspard Koenig: «Les mini-règles absurdes et intrusives font douter de l’Etat de droit»

2022-02-04 17

Philosophe, essayiste, romancier et fondateur du think tank « Génération Libre », Gaspard Koenig, à la tête du mouvement politique « simple », est aussi candidat à l’élection présidentielle. Pour notre invité, l’un des problèmes majeurs de notre pays pourrait se résumer en un seul mot : la bureaucratie. Mais n’est-ce pas cette même bureaucratie qui a permis à la France de survivre face à la Covid ? « Au contraire, on voit très bien ce qui se passe avec la production de normes en temps réel, juge Gaspard Koenig. Ce qui nous a protégé, c’est le vaccin, le fait que l’Etat le mette gratuitement à disposition. Mais, en revanche, les mini-règles absurdes et intrusives ne nous protègent pas du tout (…) Ces micro-règles, les gens les jugent absurdes et y désobéissent très largement. Elles les poussent à douter de l’Etat de droit lui-même et de l’ensemble du discours public. »

Il ajoute : « Le pass vaccinal, lui, est une très mauvaise conception de la loi. La loi n’est pas faite pour juger moralement le comportement des gens, ni pour les inciter à se comporter de telle ou telle manière ! Contraindre les gens, ça marche, mais on perd les libertés, l’exercice du jugement et la capacité d’être traité en adulte libre, responsable et autonome. C’est énorme ce qu’on perd. Et cela nourrit aussi un ressentiment qui se traduira dans les urnes car, quand on contraint les gens à aller se vacciner, on les marque à vie et ça engendre un ressentiment vis-à-vis du pouvoir central. »

Cela fait maintenant des décennies que l’Etat tente de se réformer, de se simplifier, sous l’impulsion de différents gouvernements. Mais pourquoi n’y arrive-t-on pas ? « On n’y arrive pas car on utilise toujours la même méthode qui ne marche pas, analyse Gaspard Koenig. Déjà, ce n’est pas une priorité politique. On dit qu’on va simplifier depuis 50 ans et qu’est-ce qu’on fait ? On crée une commission de simplification. Ça ne marche pas car, avec cette méthode-là, on regarde quelle norme enlever, on en enlève une, ça rompt un équilibre, il faut en rajouter deux… Regarder le labyrinthe en se demandant quelle brindille enlever, ça ne peut pas marcher ».

Eric Zemmour, lui, propose la création d’un Haut-commissariat à la simplification administrative. Une idée qui ne va pas dans le bon sens pour notre invité : « C’est l’énième mauvaise idée sur la simplification, on recrée un comité ! Par ailleurs, Eric Zemmour ne m’inspire qu’une immense inquiétude et son discours est contraire à toutes les valeurs de l’Etat de droit. »