Le 3e numéro revient sur le scandale des écoutes de l’Elysée dans les années 80/90
C’est l’adaptation télé d’un des programmes les plus écoutés de France Inter depuis 7 ans. « Affaires sensibles » se décline désormais sur France 2, une fois par mois, avec le même concept : un récit suivi d’un invité en plateau. A la présentation, le même Fabrice Drouelle, heureux de revenir sur affaires d’Etat et les grands scandales politico-financiers de la Ve République. « La ligne éditoriale d’Affaires sensibles est d’avoir un nouveau regard sur des histoires anciennes. On ne cherche pas forcément la révélation, même si en télévision on cherche quand même des images nouvelles. L’idée est de revenir sur les évènements d’un passé assez récent pour en traquer les résonnances et mieux comprendre ce qui se passe aujourd’hui. »
Après les coulisses du financement des campagnes présidentielles de Jacques Chirac et Edouard Balladur en 95, puis sur le Tchernobyl français, le 3e volet s’intéresse aux écoutes de l’Elysée dans les années 80 sous François Mitterrand. « On comprend bien cette histoire quand on comprend le climat qui régnait à l’époque. La France était sous le choc après l’attentat de la rue des Rosiers au début de l’été 82. Mitterrand crée une cellule antiterroriste à l’Elysée. Là où on entre dans le scandale, c’est quand Mitterrand confond, sciemment bien sûr, la protection des Français par l’Etat et sa protection personnelle par ce même Etat. Là ça pose un problème. » Parmi les centaines de personnalités illégalement écoutées figure l’écrivain Jean-Edern Halier. « Il avait soutenu Mitterrand et espérait un poste ministériel. Il n’est même pas invité la garden party de l’Elysée ! C’est une blessure d’ego, d’orgueil. Il écrit alors un livre par vengeance, mais les secrets qu’il y révèle seront confirmés plus tard : Mazarine, le cancer de Mitterrand et son comportement sous le régime de Vichy. Le livre n’est jamais sorti mais il a circulé sous le manteau et certains journalistes savaient ».
Les écoutes cesseront en 1986 lorsque Jacques Chirac devient Premier Ministre mais il faudra attendre 1993 pour que le scandale éclate grâce à une enquête de Libération. « En France, aucun journaliste n’ose poser de questions là-dessus au Président. C’est frappant, ça nous renvoie à des pratiques qui sont celles d’une république bananière. » Seul un journaliste belge de la RTBF brisera le tabou, ce qui lui vaudra une colère froide de François Mitterrand en pleine interview.