« Aujourd’hui, Valérie Pécresse est confrontée à un grand défi, explique Ludovic Vigogne, journaliste au service politique de l’Opinion. Elle va à la fois devoir faire revenir des électeurs de droite qui ont pu être séduits par Emmanuel Macron et, d’un autre côté, elle va devoir empêcher des électeurs de droite d’aller chez Eric Zemmour. »
Déjouant tous les pronostics, la présidente de la région Ile-de-France a donc remporté l’adhésion des militants Les Républicains. C’est donc elle qui portera les couleurs du parti pour l’élection présidentielle 2022. Mais peut-elle l’emporter ? « Oui, elle peut s’inviter », assure Pascal Perrineau sur le plateau de l’Opinion. Le politologue et professeur émérite à Sciences Po ajoute: « Qui aurait dit cela au début du mois de septembre ? A peu près personne ! »
Mais cette victoire, bien qu’inattendue, ne doit rien au hasard. « Valérie Pécresse s’est lancée dans la compétition avec un projet très précis contenant beaucoup de propositions en matière de sécurité et d’immigration très claires et très fermes, souligne Ludovic Vigogne. Et aussi des propositions en matière économique d’inspiration libérale prononcée. Elle s’est beaucoup inscrite dans les pas de François Fillon lors de la primaire de 2016 et la présidentielle 2017. »
Pour la candidate fraîchement nommée, le plus difficile commence maintenant. Alors que tout indique, pour l’heure, que l’élection se jouera à droite, Valérie Pécresse va devoir relever plusieurs défis pour espérer faire la différence et l’emporter. « On a vu, par exemple, qu’Eric Zemmour a lancé une large OPA sur Les Républicains, souligne Ludovic Vigogne, et qu’il essaye aujourd’hui d’attirer à lui les électeurs qui pouvaient être séduits par Eric Ciotti. »
Pour Emmanuel Macron, qui avait tout misé sur une victoire de Xavier Bertrand, la victoire de Valérie Pécresse n’est pas une bonne nouvelle. « Face à elle, analyse Pascal Perrineau, il ne pourra pas être le Président plein de brio et d’intelligence qu’il a été au second tour face à Marine Le Pen en 2017. En plus de ça, Valérie Pécresse est assez proche de lui en termes de compétences. Avec elle, il va tomber sur un os. »
Et pour tenter de déstabiliser le chef de l’Etat, la candidate LR a une stratégie toute trouvée: « Elle va s’employer à démontrer, dans cette campagne, qu’Emmanuel Macron a un faible bilan, annonce Ludovic Vigogne. Elle va essayer de montrer qu’en termes régaliens il n’a pas obtenu de résultats et que sa gestion n’a pas été rigoureuse. »