À Paris, la Bourse du travail vibre pour Mimmo Lucano, maire italien solidaire des migrants

2021-11-18 5

En Italie, Domenico Lucano a été condamné à treize ans de prison. Maire de la ville calabraise de
Riace, il a mis en œuvre une politique d’accueil des exilés qui a permis de repeupler son village et
développer les services publics. Un collectif de citoyen a organisé une soirée de solidarité à Paris.

Quand la solidarité s’exprime envers un Italien, c’est « Bella ciao » qui est chantée. À la Bourse du
travail de Paris, ils étaient plusieurs centaines dans cette enceinte qui avait accueilli les réunions de
Nuit Debout à entonner ce chant de la résistance transalpine, mercredi, en début et en fin de soirée.
Tous venaient dire combien est injuste la peine de plus 13 années de prison, infligée par la justice
italienne, à l’encontre de l’ex-maire de Riace, Mimmo Lucano. Ce dernier a été accusé d’abus de bien
social, de favoriser l’immigration illégale. En réalité, il paie le prix de sa politique exemplaire de
solidarité avec les migrants.

Car il a redonné vie à son village. Face à la salle, c’est l’émotion quand celui qui peut encore faire
appel raconte, à la fin des années 1990, l’arrivée d’un navire sur la côte ionienne. Avec l’évêque, il
aide à l’accueil des Kurdes qui débarquent sur la plage. « Ils étaient 200, alors que mon village ne
comptait que 500 habitants », narre-t-il. Il s’entend avec les émigrés italiens – ceux partis de Riace
vers le nord du pays ou en Amérique latine chercher un travail – pour qu’ils mettent à disposition des
nouveaux venus leurs maisons vides. Le village se repeuple. Et en 2004, il est élu maire. Il utilise les
35 euros de subvention aux villes qui accueillent les migrants, à la fois pour ces derniers, et pour
développer les services publics et le développement économique, dans une terre mitée par la mafia.

Plusieurs élus sont venus témoigner de leur solidarité : la députée Danielle Obono et la conseillère de
Paris Danielle Simonnet pour la France Insoumise ; le maire de Montreuil Patrice Bessac et la députée
de Gennevilliers Elsa Faucillon pour le Parti communiste. Pour cette dernière, « il est essentiel qu’il y
ait des initiatives telles que celles-ci, telles que le soutien à la grève de la faim à Calais. Il ne faut pas
que les forces de gauche soient tétanisées par un climat préfasciste. Les forces progressistes doivent
entrer dans l’action ». Hôte de la soirée, Benoît Martin le secrétaire de l’Union départementale CGT
Paris a fait, lui, applaudir les 250 salariés sans-papiers qui ont obtenu, par la grève leur régularisation
ces dernières semaines. Solidarité en-deçà des Alpes, solidarité au-delà.