Asséché, l’un des plus grands fleuves du Maroc ne se déverse plus dans la mer

2021-11-16 68

L’assèchement d’un des plus longs fleuves du Maroc, qui se jetait dans la Méditerranée, menace les terres agricoles et la biodiversité. « Son débit a faibli à cause de la surexploitation de ses eaux. Le phénomène est dramatique », s’attriste l’écologiste Mohamed Benata, en photographiant l’embouchure du fleuve située à quelques kilomètres de la cité balnéaire de Saïdia (nord-est), près de la frontière algérienne.
Pire encore, l’eau de mer remonte « sur 15 km » dans le lit de la Moulouya, qui parcourt plus de 500 km depuis les montagnes du Moyen-Atlas, poussant les riverains à abandonner l’exploitation de leurs terres à cause d’un excès de salinité. Impact direct du phénomène, accentué par la sécheresse : sur la rive droite, dans la commune rurale de Karbacha, les melons sont jaune pâle et difformes, leurs tiges toutes sèches couvrent plusieurs hectares de la plantation d’Ahmed Hedaoui. « Même les sangliers n’en veulent pas », raille-t-il. « Tout est mort à cause de la rareté des pluies et surtout de la salinité du fleuve », constate le cultivateur.
L’aridité est amenée à augmenter progressivement au Maroc jusqu’en 2050 en raison de la baisse attendue de la pluviométrie (-11 %) et de l’augmentation de la température (+1,3 °C), selon un rapport du ministère de l’Agriculture. Elle entraînera une « diminution de la disponibilité en eau d’irrigation de plus de 25 % », prédit-il. « Ce qui me chagrine le plus, c’est de voir mes enfants obligés de travailler ailleurs, dans d’autres exploitations, alors qu’on a nos propres terres », déplore le cultivateur Abderrahim Zekhnini. Sur la rive gauche de la Moulouya, ce n’est pas mieux : « Nous cultivons ces terres de père en fils mais la situation se dégrade, ça va de mal en pis », confie, amer, Samir Chodna.

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