Nicolas Baverez publie (Re)construction aux éditions de l’observatoire. Il y affirme notamment que la crise sanitaire a été un accélérateur de l’histoire, tout en tirant un diagnostic plutôt sombre concernant la France. « Une épidémie, affirme l’essayiste, c’est comme une guerre, une révolution, c’est un accélérateur de l’histoire. La Covid va être la matrice du XXIe siècle, la crise redessine la hiérarchie des nations. Et l’occident est sur la défensive. L’Europe a beaucoup souffert et, pour la France, c’est un peu le coup de grâce car ce choc arrive après 40 ans de décrochage. »
Il ajoute encore: « On se retrouve confronté à un pays qui a perdu le contrôle de la santé publique, ça va mieux avec la vaccination mais c’était compliqué. On pensait avoir le meilleur système de santé du monde mais il n’a tenu que grâce aux soignants. Dans le même temps, notre dépense publique est hors de contrôle. On ne peut pas se diriger vers une nouvelle décennie de décrochage ! »
La campagne présidentielle qui commence prend-elle suffisamment la mesure de ce choc ? Pour Nicolas Baverez, la réponse est claire : « Le choix, aujourd’hui, est de savoir si nous allons réussir à moderniser notre pays ou s’il le sera de l’extérieur par la contrainte, le FMI, le BCE, nos partenaires européens, comme c’est arrivé à la Grèce en 2009. Et ça va se jouer dans cette décennie, affirme notre invité. On est effaré, dans la campagne, entre l’écart qui se creuse entre la situation du pays et le débat que ça devrait appeler et ce phénomène de trop-plein de candidat, de vide des projets ! Chacun arrive avec une mesure choc surréaliste. Tout ça n’a aucun sens et, pour l’instant, aucun véritable projet n’émerge, ni aucun débat, et c’est inquiétant pour notre démocratie. »
Et pour Nicolas Baverez, la percée d’Eric Zemmour dans les sondages est la conséquence directe de cette situation: « On a un énorme vide politique, analyse l’essayiste, notamment à droite où on n’arrive pas à avoir un candidat et, par ailleurs, à l’extrême droite où on a une candidate qui est entrée en campagne sur le thème des libertés. Un thème original et peu crédible pour l’extrême droite ! C’est comme si l’extrême gauche entrait en campagne pour le CAC 40. Zemmour est un candidat monothème qui remplit ce vide mais le vide est tel que cela suffit pour déstabiliser. »