Stravinsky : Concerto pour violon n°1 (Vilde Frang)

2021-05-17 122

La violoniste Vilde Frang joue, avec l'Orchestre philharmonique de Radio France placé sous la direction de Mikko Franck, le Concerto pour violon et orchestre n°1 d'Igor Stravinsky.
Le Concerto de Stravinsky est dans le ton de ré. Un ton approprié au violon, sachant que le compositeur bénéficia au cours de son travail des conseils de son soliste Samuel Dushkin ; et une forme de référence à des concertos célèbres du répertoire : de Beethoven, de Tchaïkovski ou de Sibelius. On voudrait y entendre ainsi une sorte d’hommage, comme aussi à un autre concerto célèbre : le second pour violon de Mendelssohn mais en mi mineur, bien que Stravinsky se soit peu exprimé sur Mendelssohn (ainsi que sur Sibelius).

Le premier mouvement du Concerto égrène ses bois et cuivres dansants et sautillants, bien dans la veine de Stravinsky. Le violon soliste s’y mêle et s’y fond, au rebours du rôle valorisant qu’on lui octroie généralement dans les concertos (et dans leur entrée en matière), avec des traits grinçants qui rappelleraient le même instrument devenu personnage dans l’Histoire du soldat. Le premier Aria se prend d’un sentiment plus romantique, peu usuel sous la plume du compositeur, mais en conformité avec le caractère de son intitulé. L’orchestre soutient les phrases épanchées de l’instrument soliste dans une même couleur voluptueuse, conjuguant les traits acerbes ou rêveurs du second aux élans délicatement évanescents du premier. Le second Aria semble se lancer dans une texture habituelle au répertoire concertant avec un violon omnipotent, mais en douceur et larges tenues d’une belle couleur méditative, comme le songe ou la réminiscence d’une longue tradition interprétative. Attaqué par le même accord du violon que les précédents mouvements, le mouvement final reprend de la vigueur, en fines touches violonistiques virtuoses entre des bois et des pizzicatos des cordes de l’orchestre qui le sont autant. Un jeu de renvois réciproques, où perce parfois l’ironie sous la forme voulue du divertissement à la manière baroque.