Il y a un an, l’offre agricole paraissait encore inébranlable. Mais depuis l’été 2020, les marchés se tendent. L’inflation sur les produits de base est significative, notamment sur le sucre, les huiles et les céréales. La demande fléchit pendant que l’offre agricole cumule les signes de fragilité ; une tendance qui pourrait bien s’accroître avec l’amplification de la crise économique et l’intensification des incidents climatiques.
Pour comprendre les dynamiques à l’oeuvre et mesurer l’importance de la menace que fait planer la crise de la Covid-19 sur les grands équilibres alimentaires dans le monde, nous avons posé quelques questions à notre chroniqueur Sébastien Abis, directeur du Club Déméter et chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) :
- Depuis le début de la crise sanitaire, la production agricole mondiale semble ne pas avoir été confinée, permettant à des centaines de millions de personnes, en Europe notamment, de continuer à consommer les mêmes produits, au même prix. Mais a-t-on observé des régions, dans le monde, qui ont dû affronter des pénuries alimentaires ou faire face à une hausse des prix de produits agricoles ?
- Pourquoi, en 2021, les risques alimentaires mondiaux seront plus importants qu’en 2020 ?
- On dit beaucoup de cette crise qu’elle a joué un rôle d’accélérateur dans l’adoption des technologies numériques. Est-ce le cas également dans la production agricole ? Doit-on craindre l’apparition d’une fracture numérique au niveau mondial, aux dépens de certaines régions du monde ? Quels seraient les premiers pays à en subir les conséquences ?
- Le ralentissement économique mondial provoqué par la crise sanitaire a-t-il eu raison de certains types de productions agricoles ? A-t-il, au contraire, bénéficié à d’autres ? Quels sont les Etats qui, derrière, pâtissent - ou profitent – le plus de ces réagencements ?
- Y a-t-il aujourd’hui des Etats qui, à la faveur ou défaveur de la crise, investissent davantage dans l’agriculture et l’alimentation ?
- Dans les colonnes de l’Opinion, vous écrivez : « La France dispose d’une balance commerciale excédentaire en agriculture et dans l’agroalimentaire, mais ce solde de 6 milliards d’euros en 2020 est le plus faible enregistré depuis le début du millénaire ». Comment expliquez-vous cette tendance et comment y remédier ?
© IMAGES : Sipa Press, Kevin Keenan, Cap Avenir, Geoff Reeves, Welker Farms, Peter on Tech,
© MUSIQUES : Romancito - Mushishi, Ma Jolie - Verified Picasso, Cutting It Close - DJ Freedem, Kring - Wowa