C’est le premier dossier que doit traiter la nouvelle administration Biden sur le plan international, celui aussi où les intérêts de l’Europe et des Etats-Unis concordent pleinement : l’Iran et son programme nucléaire.
Début janvier, Téhéran annonçait une production d’uranium enrichi à 20%, raccourcissant le délai de fabrication d’une bombe nucléaire – le fameux « breakout time ». Ce faisant, l’Iran dépasse le seuil prévu par l’accord de Vienne, signé en 2015 par les membres du Conseil de Sécurité dont la France, l’Allemagne et le Royaume Uni.
Mais ce lundi, le guide suprême de la Révolution islamique, cité par la télévision d’Etat, franchit un nouveau cap en annonçant que « le seuil d’enrichissement de l’uranium en Iran ne sera pas limité à 20%. Et d’ajouter : nous l’augmenterons à n’importe quel niveau nécessaire pour le pays (...). Nous pourrions le porter à 60%. »
Pour bien comprendre ce qui se joue, et tenter d’évaluer au mieux le risque que représente un tel niveau d’enrichissement d’uranium entre les mains du régime iranien, nous avons posé quelques questions à Jean-Dominique Merchet, journaliste au service international :
- Depuis quand et dans quel cadre juridique l’Iran développait-il son programme nucléaire avant la signature du traité de Vienne en 2015 ?
- Depuis le retrait américain de l’accord en 2018, Téhéran a repris ses activités d’enrichissement de l’uranium. Qu’est-ce que cela signifie précisément ?
- L’installation de l’administration Biden aux Etats-Unis augure-t-elle des avancées diplomatiques sur le sujet ? Un retour dans l’accord est-il envisageable ?
- Concrètement, que manque-t-il désormais à l’Iran pour détenir l’arme nucléaire ? Des stocks d’uranium enrichis à 90% suffisent-il à envoyer une bombe atomique ?