Il n'est pas toujours simple d'exister lorsqu'on est une femme dans un monde d'hommes. Léa Salamé en a fait l'expérience, au cours de sa carrière de journaliste. Invitée sur le plateau de C à vous ce lundi 5 octobre, celle qui vient de sortir Femmes puissantes aux éditions Les Arènes a raconté quelques mauvais souvenirs liés à son métier et au peu de place qu'on lui accordait parfois : "Moi j'ai commencé dans les chaînes d'infos il y a dix-quinze ans, ça a bien changé depuis. J'ai l'impression de parler de l'antiquité, parce qu'aujourd'hui vous avez une femme au 20 heures, il y a vous Babeth (...) Je raconte mon arrivée sur l'Emission politique avec David Pujadas, qui régnait en maître, que j'adore et qui est excellent, au début, on arrive et on me dit : 'tu vas faire le regard de Léa'. On a enfermé mes questions dans 'Le regard de Léa'. Il y a eu une bronca sur les réseaux sociaux en disant : 'c'est quoi ces conneries?'"
La journaliste, qui officie sur France 2 et sur France Inter, a ensuite expliqué ce que cette répartition des rôles signifiait : "Ça voulait dire les questions sérieuses et politiques, c'est pour les hommes. Les questions psychologisantes et/ou piquantes et/ou virevoltantes et sexy, c'était les femmes", a-t-elle déploré. A son arrivée sur les ondes de France inter, celle qui venait tout droit des chaînes d'informations a dû se battre pour se faire une place et être reconnue au même titre que les autres : "La greffe n'a pas pris immédiatement, je me suis battue, j'ai bossé comme un chien pour dire 'je suis capable de poser les questions politiques, les questions sérieuses comme Patrick Cohen à côté de moi."
Si elle reconnaît que des progrès ont été faits depuis ses débuts, elle a souligné quelques incohérences, qui ont eu lieu notamment durant la crise sanitaire : "Aujourd'hui, on l'a appris la puissance, on y est, pas encore sur certains trucs. Quand je vois la manière dont le Covid a été géré... Quand j'ai vu tous les hommes... Les ministres ? Que des hommes. Les médecins ? Que des hommes", a-t-elle réagi, passablement agacée. Et de se faire interrompre par Apolline de Malherbe, également présente en plateau : "Alors que celles qui étaient au front, c'était les femmes", a-t-elle rappelé. Et Léa Salamé de renchérir : "En première ligne, toutes!", a-t-elle insisté, avant de conclure : "Nous, on n'est pas des victimes, nous on s'est battues."