De Nettoyage à sec à Blanche comme neige en passant par Coco avant Chanel ou Gemma Bovery, Anne Fontaine a toujours pris soin de ne jamais se répéter. En adaptant le roman de Hugo Boris, elle plonge dans deux sujets d’actualité brûlants : la police – à l’image abîmée par les violences récentes – et l’immigration clandestine.
Son récit se concentre sur trois flics parisiens contraints d’accepter une mission hors de leurs compétences : la reconduite d’un étranger à l’aéroport de Roissy afin qu’il y soit expulsé. Trois flics en proie à des conflits intimes (avortement, crises de couple, alcoolisme) qui vont se retrouver face à un cas de conscience quand ils réalisent que si ce clandestin retourne dans son pays, il est condamné à mort. Faut-il le laisser s’échapper quitte à encourir de graves sanctions? Après une mise en place artificielle – l’idée de suivre le même point de départ vu par les trois personnages pour les présenter – ce récit quasi circonscrit en une nuit réussit à créer une tension de plus en plus étouffante sans jamais forcer le trait. Anne Fontaine y témoigne de son sens du casting en réunissant à l’écran trois comédiens issus de familles différentes – Virginie Efira, Grégory Gadebois et Omar Sy – sans que jamais cela paraisse artificiel. Bref, c’est par sa tenue et sa foi en la force de son sujet que Police convainc. Dommage qu’il s’achève en montrant le jour d’après et le retour à leur quotidien des trois protagonistes dans des scènes inutilement didactiques. Cette unité de temps contrariée contredit la logique même du film.