Des dizaines de personnes sont encore portées disparues dans la ville où quelque 250.000 habitants n'ont plus de logement, l'explosion ayant dévasté des milliers d'immeubles à des kilomètres à la ronde. Ce jeudi était la première des trois journées de deuil national décrétées par le Premier ministre, Hassan Diab, en mémoire des victimes du désastre. Les autorités ont très vite mis en cause les 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium stockées dans un hangar du port depuis plusieurs années dans des conditions de sécurité très précaires.
Plusieurs responsables du port ont été arrêtés, a-t-on appris de sources gouvernementales. Mais les Libanais de la rue continuent d'incriminer l'élite politique du pays, accusée d'avoir fermé les yeux pendant des décennies tout en bénéficiant de la corruption et des carences de l'Etat.
"Ils trouveront un bouc émissaire pour se décharger de leur responsabilité", a dit Rabee Azar, ouvrier du bâtiment de 33 ans venu au port jeudi matin pour participer aux premiers travaux de reconstruction. "L'enquête ne donnera rien. Personne ne les croira."