Beethoven : Sonate pour piano n°11 (G. Bellom) - #BeethovenIntégrale

2020-07-30 29

Le pianiste Guillaume Bellom joue la Sonate pour piano n°11 en si bémol majeur op. 22, composée en 1800 par Beethoven et dédiée au comte Johann Georg von Braun.

Cette sonate reste mal connue, alors que Beethoven l’appréciait particulièrement. Sa construction en quatre mouvements et son écriture brillante attestent la volonté de lui donner une ampleur particulière. Mais ses éléments thématiques, peu saillants, ne s’impriment pas aisément dans la mémoire. Beethoven s’engage en fait dans une voie qu’il ne cessera d’approfondir : il s’agit d’inventer des motifs en apparence anodins, presque impersonnels, qui mettent d’autant plus en valeur le travail d’élaboration auquel ils sont soumis. Le principal motif est ici fondé sur un accord parfait, ce qui est souvent le cas quand le compositeur recherche un maximum de concentration et de simplicité. Cet élément nourrit ensuite une grande partie du développement, lequel exploite en outre un motif constitué d’une vigoureuse gamme en octaves : là aussi, un matériau banal, « dans le domaine public ».

L’Adagio con molto espressione s’inscrit dans la tradition des mouvements lents inspirés d’un modèle vocal. La mélodie cantabile se déploie sur diverses figures, notamment sur des accords répétés. Puis, ses doubles croches prolifèrent et deviennent le moteur de la partie centrale. La reprise de la mélodie initiale offre un superbe exemple de bel canto adapté aux spécificités du clavier.

Classique de forme et d’esprit, le Menuetto comporte toutefois quelques idées originales, comme les oscillations nerveuses au début de la deuxième partie, qui conduisent à d’athlétiques accords fortissimo. L’héritage aristocratique se dissout dans le flux de notes rapides du trio, et se fracasse sur ses accords massifs accentués à contretemps. Amorcé dans un esprit de divertissement, le Rondo s’avère riche en surprises et en contrastes. En son milieu, le contrepoint sert non seulement à densifier le discours et à relancer l’attention, mais aussi à créer des sonorités particulièrement rugueuses. Les riches variantes du refrain, lors de ses occurrences successives, signalent la volonté d’utiliser les répétitions thématiques comme un agent d’intensification dramatique.